Orano (ex-Areva) s’est fait souffler son permis d’exploitation sur le gisement d’uranium d’Imouraren au Niger. « Pas de panique ! » nous ont expliqué les rédactions françaises : l’approvisionnement des centrales nucléaires n’est pas en danger. Et pour cause : le gisement n’était pas exploité. En 2009, il avait été concédé à la firme française en échange d’une visite du président Sarkozy à son homologue nigérien Mamadou Tandja, qui voulait alors changer la constitution et rempiler pour un troisième mandat. Imouraren est décrit comme l’un des gisements les plus importants (200 000 tonnes de réserves), mais sa teneur en uranium par tonne de roches est très faible, ce qui implique une exploitation très coûteuse et suppose un cours de l’uranium très haut pour être rentable. Depuis, les autorités nigériennes successives ne cessaient de presser la firme française de commencer les travaux. En vain. Dernièrement, Orano assurait mener des études pour une nouvelle méthode d’exploitation (dite ISR pour in-situ recovery), déjà utilisée dans ses mines du Kazakhstan. Mais la junte militaire au pouvoir depuis l’été dernier n’a pas eu la patience du régime précédent. Mise en demeure de démarrer l’exploitation, Orano a mollement tenté de donner le change au dernier moment, sans convaincre. Cette décision est pour l’instant sans conséquence sur le gisement d’Arlit, lui exploité depuis des décennies par la France (et pour quelques petites années encore), mais se montre néanmoins révélatrice des nouvelles relations entre les deux pays.