L’Office national des anciens combattants a attribué le 18 juillet la mention « mort pour la France » à six des tirailleurs massacrés à Thiaroye le 1er décembre 1944. Cette décision est une première avancée : 80 ans après les faits, l’Armée reconnaîtrait-elle enfin sa responsabilité ? Ce jour-là, ce sont en effet plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de tirailleurs réclamant le versement de leur solde avant d’être démobilisés qui ont été fauchés par les mitrailleuses françaises. Mais cet octroi excessivement tardif soulève bien des questions. Pourquoi ces soldats ne sont-ils plus considérés comme des mutins ? Serait-ce que leur dossier ne contenait aucun acte de mutinerie comme prétendu ? Les archives sont très opaques et certaines même inaccessibles. Et pourquoi n’offrir cette forme de réhabilitation qu’à six tirailleurs, et pas à toutes les victimes de ce crime colonial ? Le plus choquant étant sans doute ce jeu malsain sur les mots pour occulter la réalité : ces hommes ne sont pas morts pour la France, mais ont bien été tués par elle. Un glissement langagier qui permet de réécrire un passé décidément dur à assumer. Le premier ministre sénégalais Ousmane Sonko s’en est d’ailleurs ému fin juillet : « Je tiens à rappeler à la France qu’elle ne pourra plus ni faire ni conter seule ce bout d’histoire tragique ».