Saisi par l’Observatoire international des prisons (OIP), le tribunal administratif de Nouvelle-Calédonie vient de condamner ce 24 octobre l’État français. La raison ? Le « délai anormalement long pris par l’administration pour (...) améliorer en urgence les conditions de détention au centre pénitentiaire de Nouméa » (communiqué de l’OIP, 29/10). Dès 2019 en effet, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté avait dénoncé « une situation qui viole gravement les droits fondamentaux des personnes détenues » au Camp-Est, la principale (et longtemps unique) prison du territoire : surpopulation, containers maritimes délabrés faisant office de cellules, locaux sales et vétustes dotés d’équipements défectueux voire dangereux, situation sanitaire désastreuse, insuffisance de l’offre de soins et plus encore… L’OIP a logiquement saisi à plusieurs reprises les juridictions administratives, jusqu’au Conseil d’État, qui, dès 2020, avaient enjoint au ministère de la Justice de remédier fissa à cette situation dramatique… sans aucun effet, ou presque. Saisi à nouveau en février dernier par l’OIP, le tribunal administratif de Nouvelle-Calédonie a donc reconnu que la responsabilité de l’État était engagée et a condamné celui-ci à verser à l’association 1 500 euros pour « préjudice moral ». Que les prisons françaises soient infectes et que l’État s’en contrefiche n’est pas une découverte. Mais ici, il s’agit aussi de dénoncer une réalité coloniale : si les Kanak constituent à peine plus de 40 % de la population de l’archipel, au Camp-Est, ils représentent plus de 90 % des détenus…