C’est au tour du Monde (24/11) de donner un nouvel aperçu des pratiques scandaleuses, voire criminelles, de TotalEnergies au Mozambique. En septembre dernier, Politico révélait en effet le massacre, dans l’été 2021, de quelque 200 civils par une unité des forces armées mozambicaines employée par la multinationale pour protéger, face aux djihadistes, son site gazier d’Afungi, dans le nord du pays (Billets d’Afrique n°341). Un site aux enjeux financiers gigantesques mais aussi une « gigantesque bombe carbone », selon les ONG environnementales. Interrogé sur ce massacre, Maxime Rabilloud, directeur du projet Mozambique LNG (dont le fleuron tricolore est le principal actionnaire), rejette toute responsabilité, prétendant même que Total « n’a jamais reçu d’information indiquant que de tels événements aient effectivement eu lieu ». Sauf que ce n’est pas la première fois que des accusations d’exactions à l’égard de la population civile étaient portées contre ces militaires (extorsions, violences, disparitions, assassinats) et que Total en était bien informé… mais s’était bien gardé d’en informer au-delà de ses hautes sphères ! C’est ce que prouvent les documents internes rédigés par l’équipe de Rabilloud, et dont Le Monde a eu connaissance. Et qui montrent aussi que – reconnaissant implicitement la véracité des accusations – la compagnie a suspendu le versement de prime à ces soldats. Mais pour deux mois seulement, son versement reprenant ensuite : un blanc-seing pour poursuivre leurs délits et crimes. La défense des profits écocides de Total vaut bien quelques violations des droits humains.