La mine d’or de Kibali, découverte en 1998 dans le Haut-Uélé en République démocratique du Congo et exploitée par la multinationale Barrick, vient de faire l’objet d’une enquête accablante de PAX Netherlands Peace Foundation. L’ONG s’est intéressée pendant près de trois ans aux conditions d’expulsion des populations habitant les quartiers de Mege et Bandayi (Afrikarabia, 17/12/2024). Les différents témoignages qu’elle a recueillis montrent que les habitant·e·s ont été délogé·e·s violemment, leurs maisons détruites… sans aucune solution de relogement. « Après avoir démoli toutes les maisons, ils nous ont laissés sous la pluie », indique une personne citée dans le rapport. Barrick s’en défend, affirmant que les seules familles qui n’ont pas été relogées occupaient de manière illégale le terrain. PAX démontre que ces affirmations sont fausses : « Il n’y a probablement jamais eu de réinstallation des ménages et de compensation des champs […] ou du moins pas de manière complète ». Le rapport révèle également que, lors de ces expulsions, la police a ouvert le feu, tuant au moins trois habitants.
PAX épingle au passage Bouygues Construction, filiale du géant français du BTP qui assurait en sous-traitance les travaux de terrassement des mines à ciel ouvert pour la société Kibali Mining Services. Il incombe, en effet, aux entreprises « d’éviter de causer ou de contribuer à causer des violations des droits humains, mais aussi de s’efforcer de prévenir ou d’atténuer les incidences négatives sur les droits de l’Homme ». Mais l’entreprise Bouygues se dit non responsable, arguant qu’elle n’avait « aucune autorité, aucun pouvoir de décision, ni aucune responsabilité dans la gestion des opérations » et qu’elle n’a bien entendu « aucune implication dans les événements » relatés dans le rapport.