Le 23 janvier, lors de ses vœux, le ministre de l’Économie Éric Lombard a confirmé la volonté du gouvernement de « reporter », sous prétexte de la « simplifier », la directive sur le devoir de vigilance européen pour les entreprises (CS3D). Une volonté partagée par le Conseil pour les affaires économiques et financières de l’Union européenne afin de « relever le défi du déclin de la compétitivité de l’UE ».
Ladite directive, votée en avril 2024 après avoir été largement édulcorée, est censée obliger les entreprises françaises et européennes à un « devoir de vigilance » : s’assurer du respect des droits humains et environnementaux tout au long de leur chaîne de valeur ou d’activités. Une reconnaissance implicite qu’elles ne font pas… Et tout particulièrement en Afrique où les multinationales en pillant le continent saccagent son environnement, écrasent ses populations, violent leurs droits. Ces crimes vont donc pouvoir se poursuivre, comme le souhaitent les multinationales. Le Medef européen a ainsi appelé, en novembre dernier, à une « refonte totale » de la directive. Le 17 janvier, l’Association française des entreprises privées (Afep) – un lobby très influent qui se présente comme la « voix des grandes entreprises » – a réclamé, outre son report, des « modifications adaptées ». On retrouve dans l’Afep le gratin des multinationales françaises : Total, Bolloré, Accor, Alstom, Vinci, Orange ou Bouygues. Mais aussi deux entreprises (BNP Paribas et Generali France) dont fut dirigeant un certain… Éric Lombard.