Des crimes de guerre sont-ils commis par le régime de Djibouti contre sa population ? C’est ce qu’affirme notamment la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH). Ainsi, le 30 janvier, à Kiyaru Kebele, dans une zone théoriquement démilitarisée à la frontière avec l’Éthiopie, l’armée de l’air aurait mené une attaque de drones contre des civil·e·s Afar. Bilan : au moins quatorze mort·e·s et plusieurs blessé·e·s. « Nous constatons des crimes répétés contre une population civile sans défense sous prétexte de combattre la rébellion », dénonce la LDDH dans son communiqué du 01/02 (à lire sur ardhd.org). Le pouvoir djiboutien n’en serait en effet pas à son coup d’essai, un parti d’opposition djiboutienne précisant même que « c’est la troisième fois que cette région est la cible des attaques des hélicoptères et des drones en l’espace de trois mois » (communiqué du FRUD, 31/01).
Tout cela dans le silence absolu des divers États ayant des bases militaires dans le pays, dont la France bien sûr. Après les mésaventures tricolores au Sahel et au Sénégal, Djibouti abrite désormais la plus grande base militaire française en Afrique, avec 1 500 soldats. Les deux nations ont d’ailleurs renouvelé en juillet dernier leur traité de coopération en matière de défense et Emmanuel Macron s’est rendu sur place en décembre pour rencontrer le dictateur Ismaïl Omar Guelleh et partager un repas de Noël avec les militaires français. Le devenir des populations Afar n’était visiblement pas au menu.