Dans une lettre ouverte à M. Macron (blog de Mediapart, 28/01/2025), l’historienne Armelle Mabon déplore que les déclarations grandiloquentes du ministre des Affaires étrangères au Sénégal le 1er décembre dernier, à l’occasion des commémorations du massacre de Thiaroye (Billets d’Afrique, 12/2024), n’aient été suivies d’aucun effet. Jean-Noël Barrot avait notamment affirmé dans un discours qui se voulait plein d’émotion : « [La France] n’accepte pas qu’une telle injustice puisse entacher son histoire. »
Si c’était vraiment le cas, et si la recherche de la vérité était un réel souci du président de la République, celui-ci pourrait obtenir que le ministère des Armées ouvre ses archives, car les plus sensibles sont encore occultées. Les responsabilités restent impossibles à établir, la liste des victimes, les calculs de pécule et la cartographie des fosses communes ne sont toujours pas divulguées. Le ministère de la Justice pourrait aussi saisir la Cour de cassation pour faire aboutir un procès en révision, car les tirailleurs massacrés sont officiellement considérés comme des mutins, alors même que certains d’entre eux ont obtenu la mention « Mort pour la France ».
Armelle Mabon fait preuve d’un bel optimisme en espérant que sa lettre déclenchera une intervention de M. Macron. Nous parions plutôt que l’ego de ce dernier mettra longtemps à digérer la fermeture des bases françaises au Sénégal, annoncée fin 2024 par le président Diomaye Faye. Sa sortie début janvier devant la conférence des ambassadeurs – « On a oublié de nous dire merci » – en était un premier symptôme !