Bonne nouvelle : Ariane Lavrilleux n’a pas été mise en examen (pour l’instant), seulement placée sous le statut de témoin assisté. Le 17 janvier, les juges ont reconnu « l’intérêt public des révélations de Disclose », et donc du travail de la journaliste sur l’opération Sirli et les dérives de la coopération militaire de la France avec l’Égypte. Le chef d’accusation « appropriation et divulgation d’un secret de la défense nationale » n’a pas été retenu, les juges donnant raison au média Disclose quand il affirme que « le secret de la défense nationale ne peut pas être utilisé de manière illégitime et arbitraire » et que « la coopération militaire d’un État démocratique avec une dictature telle que l’Égypte, sur fond de vente d’armes, relève du débat public » (communiqué du 17/01).
« Les juges ont reconnu aujourd’hui que toutes les poursuites initiées n’auraient jamais dû l’être », a souligné Ariane Lavrilleux (Mediapart, 17/01).
Mais cette victoire ne doit pas cacher que la loi Dati de 2010 sur le secret des sources a besoin d’être modifiée pour « mieux garantir la liberté d’informer ». 110 médias, syndicats et autres organisations de journalistes ont réclamé dans une lettre ouverte au premier ministre que la seule exception à ce secret, qui est « l’impératif prépondérant d’intérêt public », soit précisée. Constatant que « plusieurs journalistes ont été récemment convoqués ou interpellés pour avoir simplement fait leur métier », ils « demandent de restreindre le champ de cette exception et d’énoncer clairement les situations précises pouvant justifier de lever le secret des sources ».