Bolloré à nouveau dans la tourmente judiciaire ! Le milliardaire, son fils Cyrille et leur groupe sont visés par une nouvelle plainte, déposée le 18 mars devant le Parquet national financier (PNF). Le collectif Restitution Afrique (Raf), regroupant onze associations au Togo, en Guinée, au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Cameroun, y accuse la multinationale de recel et blanchiment d’actifs à propos des concessions portuaires acquises « de manière illicite » en Afrique de l’Ouest par sa filiale Bolloré Africa Logistics – concessions vendues en 2022 à l’armateur MSC, pour 5,7 milliards d’euros. Une coquette somme que Bolloré réinvestira notamment dans son empire médiatique au service de l’extrême droite.
« Le succès du groupe Bolloré a été largement attribué à des stratégies d’influence délibérées et à l’établissement de liens étroits et assumés avec les élites politiques et économiques locales », dénonce le collectif dans sa plainte (Franceinfo, 19/03). « Vincent Bolloré a entretenu des relations étroites avec de nombreux responsables politiques africains et des proches des cercles de pouvoir », poursuit Raf, citant les noms de Biya (Cameroun), Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville), Gbagbo (Côte d’Ivoire), Gnassingbé (Togo) et Condé (Guinée).
La justice française avait déjà eu, en 2013, à s’intéresser à ces deux derniers dont Bolloré avait financé illégalement les campagnes présidentielles de 2010 en échange de la concession des ports de Lomé et Conakry. Dans cette affaire, le groupe a été condamné à une amende de 12 millions d’euros en 2021 et le PNF a demandé, en juin dernier, un procès contre Vincent Bolloré pour corruption et complicité d’abus de confiance. Ce que rappelle Raf à l’appui de sa plainte, documentant également d’autres marchés suspects. Il estime que ces affaires obtenues illégalement ont généré des milliards d’euros de revenus, rappelant que la filiale Bolloré Africa Logistics a représenté « jusqu’à un quart du chiffre d’affaires total du groupe et jusqu’à 80 % de ses profits ».
Soulignant le préjudice pour les peuples africains, le collectif veut qu’en application de la loi de 2021 sur la restitution des « biens mal acquis », Bolloré soit contraint à « [restituer ces biens] aux nations et populations africaines concernées, créant ainsi un précédent juridique contre les multinationales, notamment françaises, accusées d’exploiter des ressources ou infrastructures stratégiques acquises de manière frauduleuse à l’étranger ». Un objectif qui, évidemment, a le soutien des anticolonialistes, mobilisés notamment dans la campagne Désarmer Bolloré (Billets d’Afrique n°344, 02/2025).