Le 28 mars dernier, le chef de la junte guinéenne Mamadi Doumbouya a gracié l’ancien dictateur sanguinaire Moussa Dadis Camara, pourtant condamné en 2024 à 20 ans de réclusion pour crimes contre l’humanité. Une libération dénoncée entre autres par le Bureau des droits de l’Homme de l’Onu et la Fédération internationale pour les droits humains. Elle consacre un régime d’impunité pour le pouvoir guinéen. Les militants Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah ont par exemple été enlevés par les forces spéciales en juillet 2024 (Billets d’Afrique n°340, 10/2024), le journaliste Marouane Camara par des gendarmes en décembre, l’opposant Abdoul Sacko a été roué de coups lors d’une arrestation le 18 février dernier…
Comment réagit la diplomatie française à cette dérive ? Elle maintient un « dialogue exigeant » avec les « autorités de transition guinéennes » dixit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, questionné sur ces trois cas de violations des droits de l’Homme (7/03/2025). « Dialogue », c’est certain, mais « exigeant », pas trop ! Le mois de septembre 2024 a vu la réintégration de la Guinée au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie, la coopération militaire française se veut discrète mais a été renforcée. Et pourquoi continuer à appeler « autorités de transition » une junte brutale n’ayant aucune envie de passer la main ? Il faut bien flatter l’ancien légionnaire Doumbouya…