Dans la nuit du 12 au 13 avril, avant même l’annonce du résultat officiel des présidentielles gabonaises, Emmanuel Macron s’est empressé de féliciter Brice Oligui Nguem – élu avec 94,85 % des voix ! Le général qui, le 30 août 2023, a mis fin à 56 ans de dynastie Bongo, usée, en fut aussi un pilier : aide de camp d’Omar Bongo, puis commandant d’une Garde républicaine connue pour ses exactions. Après une condamnation élyséenne pour la forme de ce coup d’État, « il n’y a pas eu un nuage dans la relation franco-gabonaise », reconnaît le secrétaire général de la présidence gabonaise (Le Monde, 2/05). Au contraire, les nuages des dernières années du règne d’Ali Bongo ont été dissipés, et Macron a fait du putschiste Oligui Nguema, invité en France quatre fois en moins de deux ans, un de ses interlocuteurs privilégiés en Afrique.
Le Gabon, membre historique d’un pré carré aujourd’hui contesté, reste une pièce maîtresse de cette Françafrique que Macron s’efforce de réorganiser. L’accord de coopération militaire a été renouvelé, le camp de Libreville devenant un camp d’instruction en partenariat entre les deux pays. La dépendance économique se poursuit aussi. Lors du forum France-Gabon de mai 2024, Oligui Nguema rassurait les entreprises tricolores : « Nous sommes devant vous pour vous inviter au Gabon, terre de toutes les opportunités. » En échange, le président du comité Afrique du Medef s’engageait à « soutenir l’action de [son] gouvernement » (Le Monde, 01/06/2024). L’art de changer pour que rien ne change vraiment…