
Mieux vaut tard que jamais ? Le 13 mai dernier, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le président des députés Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT), Laurent Panifous, demandait à François Bayrou d’enfin abroger le Code noir… rappelant par là même, à la stupeur générale (ou presque), qu’il ne l’a toujours pas été (Le Figaro, 13/05/2025) ! Le premier ministre s’est immédiatement engagé à présenter devant le Parlement un texte actant son abolition. Le Code noir, une série de textes juridiques entamée en 1685 sous l’égide de Colbert, ministre de la Marine de Louis XIV, a gravé dans le marbre les pratiques esclavagistes qui avaient cours dans les colonies françaises d’Amérique, et aucune des deux abolitions de l’esclavage (1794, puis 1848) n’avait entraîné son abrogation.
Si l’on peut se réjouir symboliquement de la chute de ce texte odieux, ne soyons pas dupes. D’abord, parce qu’il ne constitue que la première pierre d’un droit colonial d’exception (car l’esclavage est en fait interdit en France depuis 1315), qui a encore de beaux jours devant lui (Billets d’Afrique, 10/2023). Ensuite, parce que le Code noir est l’arbre qui cache la forêt d’une actualité persistante autour des crimes esclavagistes et de leurs suites, comme le rappelle l’historien Jean-François Niort (Le Monde, 18/05/2025) : « Il ne faudrait pas que l’abrogation soit une façon, pour le premier ministre, d’étouffer dans l’œuf la question des réparations de l’esclavage ».