Survie

Mémoire à géométrie variable

(mis en ligne le 27 décembre 2025) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

La colonne Voulet-Chanoine, chargée en 1899 de relier le Sénégal au lac Tchad, a commis de nombreuses atrocités sur son parcours : villages pillés et populations massacrées au moindre signe de résistance, avec en point culminant la destruction de la ville de Birni N’Konni (actuel Niger), alors peuplée de 8 000 habitants. Le ministère des Colonies, informé de ces horreurs, envoie le lieutenant-colonel Klobb relever Voulet et Chanoine de leur commandement, mais celui-ci est tué lorsqu’il rejoint la colonne. Voulet et Chanoine auraient finalement été exécutés par leurs hommes les jours suivants.

Plusieurs rapporteur⸱euse⸱s des Nations unies ont transmis à la France ce printemps une requête concernant cet épisode particulièrement sanglant de la violence coloniale, à la demande d’associations nigériennes. Ils demandent l’établissement de la vérité, notamment par l’accès aux archives coloniales, la mémorialisation de ces événements atroces ainsi que des réparations. Le 19 juin, le ministère des Affaires étrangères a botté en touche, invoquant la « non-rétroactivité des conventions internationales mises en avant par les requérant·e·s, signées bien après 1899 » (Mediapart, 29/07) : ni réhabilitation mémorielle, ni réparations. Au-delà des arguties juridiques, le fond du problème est, selon une source diplomatique, la rupture du dialogue avec Niamey depuis 2023. Il faudrait que la junte militaire libère le président déchu Bazoum pour que la France daigne ouvrir ses archives… Une preuve supplémentaire de l’instrumentalisation par le président Macron des questions mémorielles.

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