Survie

Thiaroye 1944 : le combat continue

(mis en ligne le 26 décembre 2025) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Nouvelle étape dans le combat pour la vérité sur le massacre de Thiaroye : le 24 juin, Biram Senghor a déposé devant le tribunal judiciaire de Paris une plainte contre X et l’État français pour recel de cadavre. Poursuivant ses recherches sur Thiaroye, l’historienne Armelle Mabon a rassemblé une série d’éléments afin d’étayer cette plainte (Mediapart, 29/06).

Biram, 86 ans, est le seul descendant connu encore vivant des victimes, des centaines de tirailleurs africains assassinés par l’armée française le 1er décembre 1944. Son père, M’Bap Senghor, après avoir été déclaré « non rentré au Sénégal », puis « déserteur », s’est vu attribuer (pour le moins cyniquement) la mention « Mort pour la France » en juin 2024, en même temps que cinq autres tirailleurs morts en vérité par la France (Billets d’Afrique, 10/2024).

L’État français, qui pendant 80 ans n’a fait que mentir, qualifie aujourd’hui – pour des raisons diplomatiques – l’évènement de massacre. Mais il se garde bien d’en reconnaître l’ampleur et sa pleine responsabilité, ou de réhabiliter et indemniser tous ceux qu’il a dénoncés et abattus comme mutins. Et il continue à faire obstruction, y compris à la fourniture des documents qui permettraient de retrouver les corps. Par sa plainte, Biram veut l’obliger à dire où son père a été enterré pour enfin pouvoir l’honorer. Au-delà, il mène aussi un combat pour obtenir justice pour tous. Comme il le déclarait dans nos colonnes (12/2024) : « Qui commet un crime est tenu de le réparer. La France a été inhumaine. [Elle a] une dette de sang ici en Afrique. »

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