
Un revers pour TotalEnergies et une première victoire pour les victimes du mégaprojet Tilenga-EACOP de la multinationale en Ouganda et Tanzanie et pour les associations ougandaises et françaises qui les défendent (Afiego, Les Amis de la Terre Ouganda, TASHA Research Institute, Survie) : le 18 septembre, le tribunal judiciaire de Paris a ordonné au groupe pétrogazier de communiquer des documents qu’il s’est toujours refusé à fournir. Ils permettront aux plaignantes de mieux évaluer le respect ou non par Total de ses obligations et les préjudices que ce projet a causés aux populations et à l’environnement pour obtenir réparation. Les obstacles à la vérité que multiplie notre fleuron tricolore, tout comme son non-respect du devoir de vigilance que lui impose la loi en matière de droits humains et environnementaux, sont à la mesure des profits extractivistes considérables qu’il compte faire jaillir des 419 puits de pétrole de Tilenga en Ouganda, l’oléoduc EACOP transportant ensuite, sur 1 443 km, l’or noir jusqu’au port tanzanien de Tanga (Billets d’Afrique, 02/2025).
Un enjeu bien révélateur des ambitions africaines de la multinationale, aujourd’hui réaffirmées. Il vient ainsi d’annoncer le redémarrage sur le site gazier d’Afungi du projet écocide Mozambique GNL – le plus gros investissement étranger jamais réalisé en Afrique (20 milliards de dollars) – suspendu du fait de menaces djihadistes (Billets d’Afrique, 11/2024). Et Total multiplie les licences d’exploration pétrolière : rien qu’en septembre, il en a obtenu une au Congo, une en Namibie, deux au Nigeria, quatre au Liberia… La réalité de son prétendu « engagement pour la transition écologique ».