Face à la répression massive au Gabon, la France doit suspendre sa coopération sécuritaire !
Alors que l’élection présidentielle est prévue le 27 août, le dictateur Ali Bongo vient de lancer une nouvelle vague de répression contre toutes les voix dissidentes du pays, dans un contexte pré-électoral déjà extrêmement tendu.
Le 8 juillet a débuté l’opération militaire « Nguéné » qui met les forces de sécurité « en alerte » sur l’ensemble du territoire, replaçant des « checkpoints » dans les rues, à l’instar de ce qui s’était passé suite à la mascarade électorale de 2009, grâce à laquelle Ali Bongo a succédé à son père Omar, avec le soutien de N. Sarkozy. Cette remilitarisation des rues confirme la préparation du passage en force, pour la seconde fois, d’Ali Bongo.[1]
Elle s’accompagne d’une vague massive d’arrestations arbitraires et de violences à l’encontre de différents militants. Le 9 juillet, lors d’un meeting de la société civile dans un lieu privé, 26 militants ont été arrêtés, notamment le président de la Confédération syndicale Dynamique Unitaire J.R. Yama et celui du Syndicat national du personnel de l’agriculture Koumba Mba Essiane. En parallèle, au moins 7 responsables du groupe de jeunes activistes « L’armée du Mapane » (mouvement issu majoritairement de quartiers populaires de Libreville) ont eux aussi été arrêtés, notamment ses principaux dirigeants Rovelt Maye et Gaël Koumba Ayouné. Lundi, c’était au tour de l’opposant politique Fortuné Edou Essone.
Des acteurs des médias et de la culture sont également visés : le présentateur de télévision Enrique Mamboundou, connu pour son engagement contre la dictature, a essuyé des coups de feu de la police, et les rappeurs Lord Helkhaas et Marhin Pakh ont été arrêtés ce dimanche.
Depuis 1960, la France entretient des relations très étroites avec le régime gabonais, notamment via sa coopération militaire, son accord de défense — rénové en 2009 pour une entrée en vigueur le 1er août 2012 — et son soutien diplomatique, légitimant de fait les pratiques de la dictature. A l’heure actuelle, en pleine période de répression, un commandant de police français, Christophe Blu, est même conseiller spécial du commandant en chef des forces de police nationale gabonaise, qui sont précisément celles qui procèdent ces jours-ci aux arrestations arbitraires.
Monsieur le Président, vous ne pouvez donc ignorer les exactions commises contre la société civile et la population gabonaise. En maintenant ses relations militaires et diplomatiques avec le régime dictatorial du Gabon, la France fait le choix d’être complice avec le régime Bongo, au lieu d’écouter les aspirations à la liberté et à la démocratie du peuple gabonais.
Nous vous demandons donc, Monsieur le Président, de :
- Suspendre immédiatement la coopération militaire et sécuritaire avec le Gabon.
- Condamner publiquement les répressions en cours et réclamer la libération immédiate de tous les militants et manifestants gabonais injustement arrêtés.
Signataires : Marie Bazin, co-présidente de l’association Survie. Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements. Roland Nivet, Président du Mouvement de la paix. George Mpaga, Président du Réseau des Organisations Libres de la société civile pour la Bonne Gouvernance au Gabon. Marc Ona Essangui, coordinateur du mouvement « Ça suffit comme ça ». Ballack Obame, trésorier générale de la Mutuelle de l’Université Omar Bongo – Étudiant Conscient.
[1] Rapport « Élections en Françafrique. Congo, Djibouti, Tchad, Gabon. La coopération militaire française au service des dictatures », Survie, avril 2016.