Survie

En soutenant l’Huma, l’association Survie soutient le droit à l’information

Publié le 21 février 2019 - Survie

Le journal l’Humanité est en danger ? oui, et au-delà de l’avenir de sa rédaction et de tout son personnel, c’est la question de l’information qui se pose une fois de plus à nous.

Après près de 115 ans d’existence, ce quotidien pourrait disparaître. L’alarme est suffisamment grave pour être donnée et relayée par celles et ceux qui le font vivre aujourd’hui : la situation économique du journal est au plus mal. Pour l’association Survie, qui mène avant tout un travail d’information, il y a plusieurs raisons de s’en inquiéter.
Quelle que soit son histoire et les errements ou omissions que l’on pourrait reprocher à ce journal, force est de constater qu’il est, depuis des décennies, une caisse de résonance des luttes anticoloniales. Peut-être pas toutes, ou en tout cas pas en tous temps, par choix ou par ignorance. Mais depuis bientôt 35 ans que l’association Survie existe, ses thèmes de bataille ont trouvé leur place dans les colonnes de "l’Huma", qui a le plus souvent fait le choix courageux de privilégier une information essentielle à notre démocratie [1] mais de moins en moins vendeuse, à la diffusion de nouvelles relevant davantage du divertissement et de l’abrutissement des masses qui, si elles font aujourd’hui vivre bien des journalistes, ne font pas honneur à leur métier. L’Huma, par ses choix, par sa ligne, par ses engagements, n’enrichit pas d’actionnaires mais nourrit le débat public, sur des thèmes difficiles et essentiels, parmi lesquels les différents aspects du combat de l’association Survie contre la Françafrique.
Cette annonce sur une possible disparition de l’Huma est d’autant plus inquiétante qu’elle intervient à une époque où les menaces sur l’information se font de plus en plus pressantes : multiplication des poursuites-bâillons contre les journalistes et médias qui font entendre une voix critique contre les multinationales ou l’armée (par exemple au Rwanda), directive européenne puis loi française sur un "secret des affaires" qui serait opposable à la révélation d’une information d’intérêt général, utilisation des budgets publicitaires pour diriger de discrètes mais efficaces pressions sur des rédactions dont les recettes en dépendent partiellement, et même une loi contre les "fake news" qui ne protégera jamais de la désinformation dont bénéficient les puissants mais élargit encore la voie d’un dangereux contrôle de l’information. Les attaques contre une information libre et indépendante "à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères", selon les termes du programme du Conseil national de la résistance, n’ont de fait jamais été aussi nombreuses depuis que l’association Survie existe.
Si l’information est un bien public, au sens d’un patrimoine à défendre et à enrichir selon des règles établies collectivement et respectées de tous et toutes, alors soutenir l’Huma revient à œuvrer en faveur de ce bien public.

Survie sera donc présente à la soirée de mobilisation en faveur de l’Humanité, vendredi 22 février de 18h à 23h au Palais des congrès Marcel Dufriche [2], à Montreuil (117, rue Étienne Marcel ; métro Roberspierre), de 18h à 23h. Inscription obligatoire, à faire en ligne ici.

[1On peut en particulier souligner l’apport de Jean Chatain, journaliste de l’Humanité présent au Rwanda pendant le génocide des Tutsis de 1994. La qualité et la sensibilité de ses reportages tranchent avec les très nombreux articles de cette époque qui se sont limités à diffuser les thèses des responsables civils et militaires français.

[2La soirée, initialement prévue à la Bellevilloise, a déjà tellement d’inscrit.e.s qu’elle a finalement lieu à Montreuil