Survie

Décembre 1960 : le peuple algérien
 contre l’ordre colonial

rédigé le 5 décembre 2020 (mis en ligne le 2 février 2021) - Eléa Gary

Dans la continuité de ses travaux sur les systèmes de domination sécuritaire et la généalogie coloniale du maintien de l’ordre, Mathieu Rigouste, chercheur indépendant, a effectué un long travail de recherche et d’enquête sur les soulèvements populaires de décembre 1960 en Algérie, manifestations d’une ampleur inédite qui ont marqué un tournant dans le processus d’indépendance et ont mis en échec la contre-insurrection. Invité lors d’un des « rendez-vous en ligne » de Survie, Mathieu Rigouste présente son travail, Un seul héros, le peuple, un ensemble composé d’un livre, d’un film documentaire et d’un site internet.

Comment t’est venue l’idée de mener cette recherche qui a été très longue ?
Mathieu Rigouste : Je fais de la recherche indépendante en sciences sociales et je le fais en participant aux luttes et dans l’idée de fabriquer des outils. Mon travail porte sur la question de la société sécuritaire, sa transformation, son économie, sa politique, les rapports sociaux qui la traversent. Un des fils rouges de ce travail d’enquête, c’est la contre-insurrection, des types de doctrines de guerre policière, de répression militarisée, à mi-chemin entre la guerre et la police, dont les grandes puissances impérialistes se dotent en général dans leurs pratiques de guerres coloniales. Chaque grande puissance a un répertoire personnel, et la France a constitué un modèle qu’on dit fondateur, qu’elle prétend excellent pour pacifier pendant les guerres contre les mouvements d’indépendance, au Maroc, en Indochine et en Algérie. Pour l’histoire française, la guerre d’Algérie, et notamment la bataille d’Alger comme modèle fondateur de l’usage de cette doctrine de guerre policière en ville, a constitué un marché gigantesque. Quand on travaille sur la guerre de libération algérienne, on entend parler, de temps en temps, du 11 décembre 1960. Dès qu’on commence à enquêter dessus, on se rend compte que cela n’a pas duré qu’une journée et on perçoit un mouvement qui a duré 3 semaines, et qui a traversé toute l’Algérie, toutes les grandes villes et villes moyennes. C’est une révolte massive des classes populaires colonisées, trois ans après la bataille d’Alger, c’est à dire trois ans après cette séquence qui était censée être le modèle de réussite absolue de cette doctrine de contre insurrection, qui réussirait à « pacifier » et à écraser définitivement un mouvement de rébellion, une révolte, un processus révolutionnaire, etc. J’ai commencé à creuser un peu sur le 11 décembre en cherchant des personnes qui avaient pu participer, parce qu’il n’y avait pas de travaux, pas de thèses dessus. C’est un peu plus connu en Algérie, surtout par les ancien.nes, mais c’est très rapidement enseigné à l’école. Cela a pris 7 ans, il y avait beaucoup d’archives à aller voir et cela prenait du temps de retrouver les personnes, de mener les entretiens, d’aller les faire en Algérie, en France, dans un cadre d’indépendance, qui veut aussi dire d’autofinancement.
Comment écrit-on sur un soulèvement populaire quand il y a très peu de traces dans l’historiographie classique ?
J’ai mené des entretiens avec des personnes qui avaient participé aux manifestations de décembre 1960, qui étaient ados ou très jeunes adultes. J’ai commencé à découvrir que ce n’était pas une journée, mais que c’était vraiment un processus de révolte et qu’il y avait cette dimension révolutionnaire pendant plusieurs semaines. Il y a une complexité et différentes strates de compréhension de ce qui s’était passé et notamment à travers ce qu’en disaient les personnes qui y avaient participé, plus qu’à travers les archives. Les archives ont apporté des éléments déjà connus, c’est à dire, qu’il y a eu un déploiement contre insurrectionnel : l’armée a été déployée, elle a été autorisée à tirer et a tiré effectivement dans la plupart des cas dans les grandes villes. Ce n’est pas tant de cela dont parlent les témoins, mais plutôt d’une multiplicité de formes de résistances et d’engagement. On trouve toutes les strates de la société colonisée dans ces soulèvements dont ceux qui ne sont pas les héros habituels de l’historiographie de la guerre d’Algérie : présence en masse des femmes, des adolescent.es, des enfants, des ancien.nes, des maquisard.es blessé.es, de prisonnier.es à peine libéré.es, des habitant.es des bidonvilles, et pour l’immense majorité des personnes des quartiers populaires ségrégués. La multiplicité des pratiques de résistance m’a amené à essayer de faire dialoguer ce que je trouvais dans les archives et puis ce qu’on amassait en termes de connaissances avec les différentes personnes que je rencontrais. Il s’agit de restituer tout au long de l’enquête ce que je trouvais, les nouvelles hypothèses qui m’étaient apportées, et de les faire résonner. En cela, c’est aussi un travail de réflexion collective et directement en lien avec les gens qui ont participé à l’époque. L’enquête a duré plus de 5 ans avec des entretiens, dont certains ont été filmés et donnent une partie de la matière d’un film, et des archives, vidéos aussi, et puis des archives militaires et administratives. Ces archives montrent l’organisation de la contre-insurrection jusque dans l’intimité, dans la vie la plus quotidienne des colonisés, à l’intérieur du bidonville, à l’intérieur du quartier, et en même temps, une sorte d’impossibilité de ce pouvoir militaro-policier et racial de réussir à contrôler vraiment la vie quotidienne des colonisé.es. Une des pistes d’analyses, qui est venue des discussions avec des témoins, est qu’il fallait voir cet instant révolutionnaire dans un temps beaucoup plus long qui n’est pas seulement celui de la guerre de libération mais celui de la résistance populaire des 130 années d’occupation coloniales. Cette résistance populaire, parfois visible, avec des scènes de confrontation, qui restent en général dans l’historiographie, recouvre aussi une multiplicité de résistances auxquelles on n’accorde jamais la reconnaissance d’une dimension politique et qu’on ne retient pas. Cela m’a amené à enquêter avec elles et eux sur ce que James Scott, un anthropologue nord américain, appelle une micro politique des résistances : les classes dominées, dans les interstices des rapports de domination, réussissent à créer des résistances politiques dans la vie quotidienne à travers le sport populaire, la chanson populaire, les formes de vie dans le quartier, et les rapports avec la police ou l’armée, autour du quartier, des forces de surveillance de contrôle et de répression et à travers cela des pratiques d’entraide, de solidarité, d’auto-organisation qui traversent les conditions de domination à toutes les époques. Ces pratiques de résistance sont venues nourrir et d’une certaine manière préparer cette insurrection. La question de la spontanéité du soulèvement traverse encore les mémoires collectives des ancien.nes en Algérie. Des réseaux d’extrême droite français ont essayé de maintenir le fait que le soulèvement avait été organisé par le FLN. Puis, quelques personnes ont essayé de faire entendre qu’elles en étaient à l’origine. Les gens qui ont participé ont en général assez bien conscience du fait que c’était spontané, ni organisé par le FLN, ni par un trucage du pouvoir gaulliste mais que cela s’inscrivait dans une résistance populaire. À travers leurs formes de vie quotidienne locale, à travers les formes de la communauté de quartier notamment, les opprimé.es se sont préparé.es à surgir mais aussi à inventer d’autres formes de vie en commun que celles dans lesquelles ils étaient forcés de survivre sous la colonisation.


Comment tout s’accélère avec la mise en place de la doctrine de la guerre révolutionnaire à la bataille d’Alger ?
Après le massacre de Sétif et Guelma en 1945, le mouvement indépendantiste en Algérie et une grande partie des classes populaires prennent acte du fait qu’il semble quasiment impossible de négocier une forme d’égalité dans le système colonial et que la lutte armée va être nécessaire. Un mouvement de lutte armée s’organise et déclenche à partir de novembre 1954 une nouvelle phase de la lutte pour l’indépendance avec notamment des maquis. Ce mouvement subit un protocole répressif axé sur ce qui est appelé doctrine de contre-insurrection. Cette doctrine consiste à considérer que l’ennemi est à l’intérieur de la population et que pour s’en saisir et le purger, il faut faire la guerre dans, à travers et contre la population. Le modèle français de guerre contre-insurrectionnelle met en système une série de techniques de contre-propagande, de vrai faux attentat, de terrorisations par l’usage du meurtre, de la disparition, d’interrogatoires, de tortures et des systèmes de disparition industrialisé. Le modèle français a la particularité d’axer sur le déplacement massif des populations. Les villages sont vidés, les gens arrachés à leurs terres, on les met dans des camions, on les installe dans des camps, parfois on leur fait construire ces camps. Dans les camps gérés en général par l’armée, les conditions de vie sont infernales, et les gens sont torturés, disparaissent, et d’autres meurent des conditions d’incarcération. En Algérie, des travaux récents parlent d’au moins 2,5 millions d’Algérien.nes interné.es dans des camps pendant la guerre d’Algérie, sur 9 millions d’Algérien.nes. Cette doctrine est alors hégémonique dans l’État et l’armée et elle invite à militariser l’ensemble de la société comme moyen de construire une société pacifiée face à un ennemi à la fois intérieur et extérieur. À l’époque son double visage articule les figures du communiste et du colonisé... il semble qu’on trouve là un prototype de la figure de l’islamo-gauchiste. À partir de 1959, De Gaulle commence déjà à être malmené sur sa droite parce qu’il est le défenseur d’une version néo-coloniale des rapports avec l’Algérie. Il représente un courant qui pense qu’il faut passer à un colonialisme indirect, avec une administration algérienne qui gérerait les intérêts impérieux de la France en sous-traitance. Face à lui, il y a une partie du capital colonial et des petits colons. Une grande partie des européens fascisés et une partie des troupes coloniales vont dire qu’avec cette doctrine de contre-insurrection, on pourrait militariser l’ensemble de la société et maintenir l’Algérie française. En 1960, l’extrême droite coloniale, quasi-hégémonique dans les milieux européens en Algérie, prévoit de renverser De Gaulle et de mettre en place une forme d’apartheid avec un territoire pour les Européen.nes et un territoire laissé aux Algérien.nes. Elle s’organise au sein d’un mouvement, le Front de l’Algérie française (FAF) qui prévoit en décembre 60 des émeutes d’extrêmes droites pour obliger le pouvoir politique à déployer l’infanterie et les troupes coloniales, acquises au projet de coup d’État. Ce sont les forces en présence que tout le monde attend. La seule force que personne n’attend, c’est le peuple. Je reprends le terme « peuple » que les gens utilisent. « Peuple » n’est pas une catégorie sociologique opératoire. Quand on dit le « peuple », il arrive qu’on parle des classes populaires, mais ce terme peut être utilisé dans une conception nationaliste qui réunit le patron et l’ouvrier, le colon et le colonisé, les dominantes et les dominés. Ce n’est pas opératoire. Donc, je propose de parler de prolétariat colonisé. La seule force que personne n’attendait, c’est le surgissement du prolétariat colonisé dans les villes coloniales, et c’est ce qui se passe entre le 9 et le 11 décembre.
De Gaulle arrive en Algérie le 9 décembre, juste après avoir lancé l’idée du référendum pour l’auto-détermination, référendum annoncé alors que des prisonniers du FLN (Front de libération nationale) sont exécutés à Paris et Alger. Il prévoit d’éviter les grandes villes car il sait qu’il y aura un accueil particulièrement défavorable des colons extrémistes. Comment se passe son séjour ?
Dans plusieurs villes, des institutions typiques de la contre-insurrection mais aussi du modèle colonial français sont chargées d’encadrer et de gouverner les « cœurs et les esprits » des populations. Elles vont participer, parfois avec l’armée, parfois sans, à créer des faux cortèges d’Algérien.nes qui viendraient soutenir De Gaulle. À Alger, ce trucage a été débordé par les Algérien.nes. Cela a permis la rumeur selon laquelle ces soulèvements ne seraient que le fruit d’un dysfonctionnement d’une manipulation gaulliste. Mais dans toutes les autres villes où il y a eu un soulèvement, il n’y a pas eu de tentative de manipulation de ce type-là, et pourtant des manifestations ont eu lieu et dans plusieurs villes avec un caractère insurrectionnel. Les ultras harcèlent des Algérien.nes dans la rue, vont à la provocation pour créer des confrontations afin d’appeler à la répression. Sauf que, comme à toutes les époques, les colonisé.es ne se laissent pas faire. Dès début décembre, il y a des étincelles qui déclenchent quelque chose de plus puissant parce que tout le monde sait que la configuration est menée au bout de toutes les possibilités, au bord de la crise. Il y a des bagarres dans plusieurs quartiers, dans plusieurs villes qui donnent lieu à des rassemblements d’Algérien.nes, qui vont mettre en fuite les Européen.nes. Dans les villes algériennes, il y a des quartiers interdits et il est impossible de sortir avec un drapeau algérien. Sortir par centaines puis par milliers, avec des drapeaux et des banderoles qui proclament la volonté d’une Algérie indépendante, occuper ces quartiers, c’était d’abord se mettre en danger de mort. Des groupes de lycéen.nes se retrouvent en amont devant les établissements scolaires pour faire sortir des élèves et commencer à faire des petits cortèges dans plusieurs villes. Le premier jour, ce sont des cortèges révoltés, souvent sans drapeaux, qui se lancent, et sont attaqués par les européens, par les ultras notamment, tout le long de leur parcours, et cela fait augmenter la colère. Ces cortèges vont rejoindre d’autres quartiers où habitent les colonisé.es qui vont eux-mêmes les rejoindre et créer dans plusieurs villes des manifestations gigantesques, comme il n’y en avait pas eu depuis très longtemps voire jamais.
Les pratiques d’auto-organisation ont montré leur efficacité, la force du mouvement a été déterminante dans la façon dont l’indépendance a été obtenue.
Beaucoup de personnes ont du mal à comprendre qui a gagné la guerre d’Algérie. Est-ce que le colonialisme a vraiment pris fin ? La situation est très complexe. Ces soulèvements populaires ont obligé le pouvoir colonial à abandonner son premier modèle néo-colonial. Ce modèle néocolonial de l’Algérie algérienne tel que conçu par les fractions gaullistes ainsi que le modèle d’Algérie française d’apartheid ont été mis à terre par les soulèvements de décembre 1960. Ce n’est pas à moi de dire ce qu’il faut en conclure politiquement. Et mon propos n’est pas de dire que ces soulèvements auto-organisés ont seuls permis d’arracher l’indépendance. Il ne faut pas mettre de côté l’impact des organisations politico-militaires. Mais en décembre 1960, quand les classes populaires prennent en main la révolution, plusieurs processus révolutionnaires sont en cours. Un processus révolutionnaire anti-colonialiste fait face à une contre-révolution coloniale, vaincue par les organisations indépendantistes et par les résistances populaires. Il y a aussi un processus de révolution sociale par rapport au capitalisme, à la question de la propriété, à la gestion des terres, à la place des femmes dans la société algérienne. Le nouvel État se met en place justement sur la fermeture de ce processus révolutionnaire social et va être le premier à travailler sur le fait de renvoyer les femmes dans l’espace domestique et les classes populaires dans les quartiers de misère. Le GPRA (gouvernement provisoire de la république algérienne) va négocier l’indépendance avec l’État français et gouverner la nouvelle société algérienne en arrêtant le processus révolutionnaire. Cela ouvre des pistes d’analyses sur ce qui se passe depuis en Algérie
Cela montre que l’on peut gagner une lutte malgré la mise en place de mesures contre-insurrectionnelles. C’est fondamental pour les peuples colonisés à l’époque et pour les luttes d’émancipation d’aujourd’hui.
Cela donne de l’espoir aujourd’hui. Dès cette époque, on a utilisé l’expression «  le Dien Bien Phu politique de la guerre de libération algérienne  » pour en parler. L’historienne Malika Rahal termine actuellement des travaux sur les festivités de l’indépendance en 62, dans lesquels elle interroge la performance des corps colonisés qui se réapproprient les rues, en dansant, en chantant. On se rend compte qu’on assiste à des scènes similaires en décembre 60 et en 62. Dans cette indépendance des corps, il y aurait une pré-indépendance en décembre 60, qui ne se serait pas arrêtée jusqu’à l’été 62, malgré la répression qui reste très dure. Les colonisé.es ont désormais bouleversé le rapport de force. Il y a un processus de réappropriation des rues, des quartiers, de la société, qui commence dès cette époque et qui portait des perspectives d’une révolution sociale et d’une transformation sociale de l’Algérie, une stratégie révolutionnaire qui avait été au cœur d’une partie de la stratégie de certains pans du FLN, une stratégie qui était celle des assemblées populaires. Tout cela a une continuité dans les premières années de l’indépendance à travers ce qu’on a appelé l’Autogestion - appliquée aux terres agricoles, à certaines formes de production - et qui a été étouffée par l’installation d’une souveraineté étatique. Décembre 60 vient nous donner de l’espoir mais aussi nous montrer que chaque jour les modalités de nos engagements déterminent ce qui se passe par la suite.
La question des corps qui se libèrent rappelle le travail de Frantz Fanon dans son livre Les Damnés de la terre...
Les travaux du psychiatre et révolutionnaire Frantz Fanon nourrissent beaucoup de mes travaux. J’y puise des perspectives et des outils. Ce n’est pas tant le Fanon comme analyste général de la société coloniale que le Fanon soignant qui est venu apporter des outils. Quand Fanon est en charge de l’hôpital de Blida, il observe que la violence coloniale s’incruste dans les muscles des colonisés, qu’elle vient les durcir, les tordre, faire des nœuds, que le corps colonisé est sculpté, dressé, écrasé, étouffé en permanence par la violence coloniale. Il repère aussi que les pratiques de danse et de transe sont régulièrement mobilisées comme des manières de se soigner, de déposer en partie la violence coloniale. Comme l’a développé la philosophe Elsa Dorlin, ce sont des pratiques d’entraînement à surgir et d’entraînement au combat. Des témoins évoquent le fait que lors de ces soulèvements, leur corps se libérait. Plusieurs fois, des témoins parlent de délire collectif, de la sensation d’avoir formé un corps commun. Dans ces émeutes qui ont été réprimées par le sang à plusieurs endroits, on nous décrit des gens qui dansent, qui chantent. Les youyous, très présents, ont à la fois un usage martial, pour coordonner les cortèges et galvaniser les manifestant.es, et à la fois ils déploient à travers la gorge une puissance des algériennes. Fanon décrit le fait que les colonisés réussissent à se libérer en surgissant, en rompant, en bouleversant la situation.
Propos retranscrits par Éléa Gary.
Pour découvrir le projet : 
unseulheroslepeuple.org

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 303 - déc 2020-janv 2021
Les articles du mensuel sont mis en ligne avec du délai. Pour recevoir l'intégralité des articles publiés chaque mois, abonnez-vous
Pour aller plus loin
a lire aussi