Survie

Soirée-débat sur l’Affaire Borrel, le 14 oct à Paris (Arcueil 94)

Publié le 2 octobre 2006

Autour du livre d’Elizabeth Borrel Un juge assassiné Ed. Flammarion, 2006

et du film " Juge Borrel : révélation sur un suicide impossible " de Nicolas Bernard

Débat en présence d’Elizabeth Borrel et de Nicolas Bernard.

A partir de 19h, à l’Espace Jean Vilar, 1, rue Paul Signac 94110 Arcueil, Renseignements, réservations : 01 41 24 25 55 Plein tarif 5,20 euros / Tarif réduit 4,75 euros


"Epouse du magistrat français Bernard Borrel, assassiné à Djibouti en Octobre 1995, j’ai subi, dans le cadre de cette affaire, des violences d’autant plus grandes qu’elles ont porté on seulement sur mon mari, mais également, ensuite, sur l’image que j’avais de nos institutions. Votre mari, Madame (s’adressant à Marie-Thérèse Verschave-Clot), m’a permis de redresser la tête, et ils n’étaient pas nombreux à ce moment-là....

Il m’a expliqué, à travers le fonctionnement de ces réseaux françafricains, toute une série de choses que mon éducation ne m’avait sans doute pas permis de voir : quand on a grandi dans un milieu protégé et qu’on n’a pas affaire à des mafias, on a du mal à imaginer qu’on puisse y être un jour confronté.

On pense toujours que cela n’arrive qu’aux autres, on pense que c’est loin, que cela ne touche pas nos démocraties. Le dossier de mon mari est justement la preuve que ces pratiques ont cours dans notre démocratie, et que la corruption a gagné beaucoup de nos gouvernants parmi les plus hauts placés.

Alors, je voulais vous dire, Madame, tout ce que votre mari m’a apporté, vous dire aussi toute l’admiration que j’avais pour lui. Pour moi, plus que tout, François-Xavier Verschave était un homme vrai. Et s’il était peut-être révolutionnaire, c’était un révolutionnaire pour la vie, ce que très peu de révolutionnaires ont été. C’est cela qui en fait à mes yeux un homme vraiment exceptionnel."

Elisabeth Borrel

Témoignage oral lors de la commémoration à l’occasion de la disparition de François Xavier Verschave, le 18 septembre 2005 à Paris.

Retranscrit dans le livre « François-Xavier Verschave. L’homme qui voulait soulever les montagnes » publié aux éditions les Arènes (2006).


L’assassinat du juge Borrel : une affaire Dreyfus Le courage obstiné d’une veuve, la solidarité d’une partie de ses collègues, l’obstination de ses avocats, l’appui de quelques journalistes et de citoyens scandalisés par un mensonge d’État ont fini par faire éclater la vérité : le juge coopérant Bernard Borrel a été assassiné en octobre 1995 à Djibouti. Du coup, tous les témoignages d’exilés de Djibouti énonçant précisément les conditions de cet assassinat et la responsabilité directe de l’actuel Président de ce protectorat militaire français, Ismaël Omar Guelleh, prennent tout leur sens. On ne pourra plus éviter de s’interroger sur la culpabilité de ce policier tortionnaire, ni sur le pourquoi de la protection d’une dictature mafieuse par un certain nombre de responsables politiques et militaires français. Le plus insupportable reste évidemment qu’un certain nombre de magistrats, de policiers et d’experts ont, sur ordre, maintenu durant sept ans la version du suicide. Quitte à salir la victime, désespérer sa veuve et ses enfants. La série de rapports tronqués ou truqués, d’analyses escamotées ou biaisées, fait irrésistiblement penser à l’affaire Dreyfus - dans l’ombre de la Françafrique, militaro-politique. Sera-t-elle l’occasion du même sursaut civique ? Rompra-t-elle enfin le consensus de la gestion néocoloniale, empreinte de racisme, d’une partie de l’Afrique - le plus long scandale de la République ?

Communiqué de François-Xavier Verschave, publié le 2 décembre 2002