Deux membres de l’association Survie, Michèle Barreau et Gérard Moreau, ont participé à la rédaction de l’ouvrage collectif au titre suggestif Les réfugiés sont notre avenir, paru ce printemps 2019 chez Ginkgo éditeur qui accomplit là un bel acte militant à saluer (235 pages, 10€).
Les réfugiés sont notre avenir : à rebours de tous les poncifs diffusés par les médias dominants en matière de migrations, ce titre, à lui tout seul, rend positif notre regard sur cette réalité humaine éternelle et universelle. En effet, « nous sommes tous migrants », et, mieux, « nous sommes tous Africains » d’origine !
Dès l’introduction, le livre démontre que c’est nous le problème, nous qui faisons tant de complications quand il s’agit simplement de l’accueil d’autrui – cet autrui qui peut nous enrichir dans tous les domaines. Dans un style fluide, un langage accessible à tous et cependant avec une précision quasi-chirurgicale, le livre énumère et déconstruit tous les clichés derrière lesquels nous nous réfugions (!) pour ne pas ouvrir nos cœurs et nos maisons à l’autre. Il libère notre esprit de la fascination, prison mentale bien orchestrée par les puissances économiques et politiques, qui nous fait nous focaliser sur une prétendue « crise migratoire ». Les statistiques officielles le crient : au lieu du « grand remplacement » ou des « hordes envahissantes » annoncés, le solde migratoire entre 2006 et 2015 en France est en baisse (de 112 000 à 67 000), soit un arrivant pour mille habitants en 2017 par exemple.
Avec la même précision pourtant jamais ennuyeuse, le livre expose les causes profondes qui poussent des personnes à l’exode, intérieur d’abord, puis dans les pays limitrophes et enfin, en dernier recours, vers d’autres continents. Notre police aux frontières se rendant la tâche facile en contrôlant les êtres humains au ’faciès’ (ce qui est pourtant interdit), les auteurs développent particulièrement, tout en rappelant leurs racines historiques, les situations africaines actuelles provoquant l’exil. Citons-en quelques-unes : les guerres ; la répression intérieure des peuples par des dictateurs maintenus en place par l’Etat français ; l’immigration organisée par les entreprises françaises aujourd’hui encore ; le contexte économique qui favorise les entreprises étrangères au détriment des acteurs locaux par des réglementations ad hoc ; l’Aide publique au développement qui « est conçue et revendiquée comme soutien aux entreprises françaises ». Des exemples nombreux illustrent la perversité et le double-jeu des autorités françaises et européennes et des mesures qu’elles mettent en place en la matière.
Ce livre, parsemé de témoignages poignants attestant du parcours de tel ou tel réfugié, présente dans sa troisième partie une multitude d’initiatives citoyennes rendant toute sa force à ce mot magnifique : hospitalité… Aux risques et périls des militants toutefois : le livre démontre en effet aussi comment l’article L622-4 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, censé abolir le délit de solidarité, et le droit international garantissant la protection des demandeurs d’asiles sont tordus, niés même, par maints préfets, juges et services d’Aide sociale à l’enfance…