Nous avons appris avec une immense tristesse la disparition de notre camarade et ami Raphaël De Benito, ancien rédacteur en chef de Billets d’Afrique et vice-président de Survie.
Né en 1969, il a été amené très tôt dans ses aventures familiales, puis personnelles, à découvrir le continent africain, prenant rapidement conscience des déséquilibres et dominations qui l’entravaient. Abonné à Billets d’Afrique dès les années 9O, au contact dans un premier temps de Survie Gironde, il s’est rapproché de Survie France en 2004 pour faire connaître la Françafrique dans son Pays Basque d’adoption. Le déplacement de François-Xavier Verschave au Festival EHZ, en juillet, allait ensuite donner naissance au groupe local Survie Euskal Herri. Depuis cette date, Raphaël est devenu un élément essentiel de l’association. Son implication dans les activités de communication et dans la modernisation de nos outils (Billets d’Afrique, plans de communication, communiqués de presse et, plus tard, réseaux sociaux) a beaucoup contribué à maintenir la visibilité et la crédibilité de Survie, après le décès de son emblématique Président, en 2005. Au sein du CA, puis du bureau de l’association, en tant que Vice-Président, Raphaël a rapidement joué un rôle déterminant, apportant sa connaissance inépuisable des sujets de fond, mais aussi son enthousiasme, son sens stratégique et sa bonne humeur à toute épreuve. De novembre 2007 à août 2013 il a été le maître d’œuvre de "Billets d’Afrique", bien plus qu’un directeur de rédaction puisque non seulement il réunissait les articles et en écrivait, ce qui est déjà un travail considérable, mais il faisait entièrement la maquette. Bousculant les habitudes, il a métamorphosé la publication, en vrai professionnel, bénévolement. Il passait des nuits chaque mois à l’échéance du bouclage de la parution. Quand ses responsabilités à France Bleu se sont faites plus lourdes, il a dû passer le flambeau à d’autres bénévoles mais il conservait la tenue du compte twitter de Billets d’Afrique, où son humour percutant s’exerçait à plaisir.
Il a été pendant plusieurs années un de ceux qui font vivre Survie au quotidien, qui rendent son combat plus efficace, plus collectif, plus joyeux, aussi. Un de ceux avec qui on peut traverser les turbulences avec sérénité, digérer les défaites en envisageant toujours de futures victoires, sans jamais basculer dans le défaitisme ou le cynisme. Toujours en confiance, dans le respect, dans l’amitié. Raphaël était ce que l’on appelle une belle personne, ce que l’humanité a fait de meilleur. Ceux qui l’ont connu ne pourront oublier son sourire, sa voix inimitable, qui trahissait ses origines et itinéraires géographiques et qui faisait aussi le bonheur des auditeurs de Radio France Pays Basque et des habitués du bar Sankara dans le Petit Bayonne. Son sens du récit, de l’anecdote, ses histoires des mille et une vies et improbables rencontres, qui le conduisaient parfois au plein cœur d’un village basque à découvrir de vieilles gloires de la Françafrique, diplomates, anciens du 1er RPIMA, se laissant aller à la confidence. Comment ne pas encore s’esclaffer, 10 ans après en relisant le compte-rendu de l’action orchestrée par Raphaël et ses sbires, qui avaient « collé aux basques » pendant trois jours un Ministre des Affaires étrangères en villégiature, qui, aux arènes, au tennis, sur le parcours de golf et au restaurant s’était trouvé en permanence face à un Raphaël goguenard lui demandant de s’expliquer sur le soutien français à Idriss Déby ! Quel plaisir de se remémorer ses nombreuses et savoureuses petites histoires, qui pimentaient la conversation et alimentaient d’interminables apéros où l’on oubliait de manger, après avoir voyagé avec lui de Paris au Maroc, de Côte d’Ivoire aux collines d’Ascain, au milieu des Îles Eparses, navigant des dessous de la Françafrique aux derniers exploits des militants altermondialistes ou abertzale d’Iparralde.
Ces derniers jours, le compte Twitter de Billets d’Afrique, animé par Raphaël était resté muet. Nous le savions malade, mais sa combativité était telle que nous ne pouvions soupçonner une issue aussi tragique.
Nos pensées émues vont à Sabrina, Lucas et Quentin, à ses parents, à ses amis et camarades activistes du Pays Basque, à tous ceux pour qui sa voix résonnera encore longtemps.
Salut, Salam, Agur camarade.