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Survie invite Michèle Abe pour une série de conférences sur le Cameroun

Publié le 28 février 2019 - Survie

Survie invite une militante du Cameroun pour évoquer la situation catastrophique de ce pays. Pourquoi la guerre dans les régions anglophones passe-t-elle inaperçue dans notre pays, qui a pourtant des liens étroits avec un régime en place depuis plus de 36 ans ? Et comment comprendre l’arrestation de plus de 200 personnes, fin janvier, dont le tort était d’avoir participé à une manifestation contestant les résultats d’une « élection » présidentielle qui n’en avait que le nom ?
Au programme : Lyon, Clermont-Ferrand, Genève, Grenoble, Chambéry, Rennes, Angers, Paris, Nantes, Bordeaux, Toulouse

Le pays, qui n’a connu que deux « présidents » (Amadou Ahidjo de 1960 à 1982, Paul Biya depuis) est en guerre civile depuis octobre 2017, quand des groupes ont décidé de prendre les armes dans les 2 régions anglophones, après une année de répression de toute forme de protestation pacifique. La guerre se poursuit, on dénombre plus de 400 000 déplacés internes, 30 à 40 000 réfugiés au Nigéria voisin, des villages pillés et incendiés par l’armée régulière... avec laquelle la France maintient sa coopération militaire. C’est dans ce contexte qu’a eu lieu un simulacre d’élection présidentielle en octobre dernier : l’opposant principal depuis cette élection, Maurice Kamto, a été arrêté fin janvier avec d’autres cadres et militants de son parti - plus de 200 personnes en tout ! Il a été inculpé début février pour « rébellion » et « sécession » par le tribunal militaire de Yaoundé. Cela met le pays en ébullition.. et détourne de la "crise anglophone", alors que la répression aveugle se poursuit dans ces deux régions. La situation y est donc aussi grave qu’au Vénézuela, mais la France a un poids beaucoup plus important au Cameroun. Le 13 février, le ministre des Affaires étrangères et européennes a déclaré devant les députés qu’il y a actuellement 12 coopérants militaires français présents au Cameroun, au titre de la Direction de la Coopération de Sécurité et de Défense (DCSD) de son ministère, mais sans préciser à quels postes et quelles autorités militaires ils conseillent.
À 32 ans, Michèle Abe fait partie de ces jeunes Camerounais.es qui n’ont connu que la présidence de Paul Biya : le chef d’État camerounais, à aujourd’hui 86 ans et officiellement réélu pour un nouveau septennat en octobre dernier, était déjà au pouvoir depuis plus de 4 ans quand elle est née. En parallèle de ses études de sciences politiques, elle a décidé de se consacrer pleinement aux multiples combats de la société civile camerounais : impliquée depuis 10 ans au sein de l’association Fondation Conseil Jeune, elle est aujourd’hui la coordinatrice d’un réseau national d’organisations de jeunesse qu’elle a contribué à structurer, la PIJEDECA [1], qui s’oppose au statu quo de la gérontocratie camerounaise par la mobilisation et la participation des jeunes autour des questions politiques, économiques et sociales. Michèle milite notamment pour les droits des jeunes filles mères, pour la prise d’appui sur des valeurs traditionnelles africaines pour impulser le changement plutôt que pour justifier un immobilisme destructeur, et pour un changement radical du système électoral au Cameroun.
Michèle Abe interviendra donc dans des conférences et des projections-débats à Lyon (le 5 mars), Clermont-Ferrand (le 6 mars), Genève (le 7 mars), Grenoble (le 12 mars), Chambéry (le 13 mars), Rennes (le 14 mars), Angers (le 15 mars), Paris (le 21 mars), Nantes (le 26 mars), Bordeaux (le 27 mars) et Toulouse (le 28 mars).

[1PIJEDECA : Plateforme indépendante de la jeunesse pour la démocratie et la citoyenneté active