Fondé en 1945, le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) crée en 1976 la Cogema (Compagnie Générale des Matières Nucléaires) et lui transfère ses activités d’exploitation minière, d’enrichissement d’uranium et de retraitement. Sa fusion avec le constructeur de centrales Framatome, également détenu par le CEA, donne naissance en 2001 à Areva. Ce fleuron de l’industrie énergétique reste détenu à 87 % par des capitaux publics, principalement ceux du CEA : l’Etat français est donc doublement responsable de ses activités – comme législateur et comme propriétaire. Or, le groupe est spécialiste des violations de droits sociaux et environnementaux, notamment en Afrique. L’uranium africain a été et demeure une des clés du succès de l’industrie nucléaire française grâce à sa qualité, sa quantité et surtout aux conditions d’extraction obtenues depuis le début des années 60. Au Gabon et au Niger, le résultat est sans appel : contamination autour des mines (sols, air, eau… ), irradiation des travailleurs et des populations pour lesquelles la maladie vient s’ajouter à la pauvreté.
Areva, déjà numéro un mondial du nucléaire, continue de se développer : ses filiales en Namibie, Centrafrique, Sénégal et Afrique du Sud, n’ont pas encore commencé à produire, et la prospection démarre en RDC, et de nouveau au Gabon. S’y ajoutent des activités « annexes » comme l’exploitation de l’or ivoirien, depuis une société enregistrée au Canada (paradis de la réglementation minière), ou encore de la prestation pour Total à Madagascar…
L’ancienne présidente du groupe, Anne Lauvergeon, prétendait qu’Areva ne fait pas de politique, tentant péniblement de faire oublier que son groupe venait juste de s’entendre avec Niamey pour le nouveau gisement d’Imouraren lorsque le président nigérien a confisqué le pouvoir en 2009 (voir p. 26). Ce contrat, cher à Élysée, permet à la France de renforcer ses approvisionnements, déjà dépendants pour moitié du Niger ! Un pays où le chef de la sécurité du groupe était récemment Gilles Denamur, ancien colonel de l’armée française, et son directeur Dominique Pin, ex-numéro deux de la cellule Afrique de l’Élysée de 1991 à 1995. Justement les années où Anne Lauvergeon était secrétaire générale adjointe de l’Élysée et « Sherpa » de François Mitterrand… « Pas de politique », juste de la réorientation professionnelle ?
Son successeur et ancien bras droit, Luc Oursel, a décidé de suspendre pour l’instant le paiement de son parachute doré (1,5 millions d’euros), décision contestée par Anne Lauvergeon devant les tribunaux.
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