Le groupe Bolloré est multiforme : son réseau infiltre les services secrets, la magistrature et le pouvoir politique, en France comme à l’étranger. Pour faciliter la fulgurante expansion du groupe en Afrique (implanté dans au moins 36 pays !) ssa direction n’a pas hésité à faire des affaires avec des dictateurs comme le camerounais Paul Biya ou le burkinabé Blaise Compaoré, voire des criminels contre l’humanité tels Charles Taylor au Liberia ou Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville, qu’aucune transnationale n’osait alors fréquenter.
On pourrait considérer son implication dans les milieux politico-affairistes et son influence dans la banque, l’assurance mais aussi la politique internationale, comme une application de sa stratégie de contrôler un secteur de A à Z, de tout “intégrer”, qui a fait le succès de l’industriel. Vincent Bolloré contrôle seul son groupe alors qu’il en possède moins de 1 %, grâce à une structure en cascade de holdings, qui repose sur la confiance que son réseau politique et financier inspire à ses investisseurs.
En Afrique, le groupe a renoncé à ses activités forestières et à la culture du tabac mais il possède toujours d’importantes plantations de palmiers à huile et d’hévéas (pour le caoutchouc) où des salariés se comparent à des esclaves modernes. Pour le transport des marchandises, sur lesquelles repose toute l’économie africaine, il est parvenu au “service de transport intégré, de bout en bout, de la sortie de l’usine jusqu’à la porte de l’utilisateur final”.
Il faut dire que Vincent Bolloré peut compter sur un VRP de luxe en la personne de son proche ami Nicolas Sarkozy qui intercède en sa faveur pour des contrats stratégiques, comme par exemple celui du port de Lomé. Mais la force de Bolloré, c’est aussi son image. D’où l’intérêt de se muer en magnat de la communication pour soigner sa réputation et occulter l’opacité financière, le recours aux paradis fiscaux et judiciaires et le goût prononcé pour le renseignement. Dans les médias, il a donc aussi développé le service “intégré” : Il contrôle à la fois la création d’information (Associated Press), de sondages (CSA), de publicité (Euro RSCG, via Havas), la production (SFP, VCF), l’achat d’espaces publicitaires (MPG France) et la diffusion (Matin plus, Direct soir, Direct 8)...
Ultimes armes : le débauchage de journalistes, comme à Lomé ou Yaoundé, mais aussi l’intimidation judiciaire suite au procès en diffamation contre France Inter, pour un reportage en 2009 sur ses activités au Cameroun !
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