Survie

Jacques Foccart

1913 – 1997

Élevé aux Antilles, dans la France d’Outre- Mer, l’homme d’affaires Foccart est devenu dès 1944 l’un des tout premiers adjoints officieux de De Gaulle – ce qui suppose d’importants contacts antérieurs. Il a été immédiatement chargé de l’essentiel de la face cachée du gaullisme : liens avec les services secrets (dont il a été le patron de fait), constitution de réseaux d’influence et de groupes de militants aguerris (un service d’ordre musclé, frayant avec le grand banditisme), financements occultes (via l’Afrique coloniale notamment).

C’est donc tout naturellement qu’il a été chargé, au tournant des indépendances africaines (1966-1962), de concevoir et diriger la Françafrique, cet ensemble de dispositifs inavoués destinés à confisquer les indépendances africaines. Inavoués parce qu’illégaux : De Gaulle concédait officiellement l’indépendance, mais chargeait Foccart d’organiser le maintien de la dépendance (politique, économique,financière, militaire, etc.). En même temps, Foccart organise le parti gaulliste RPF puis son avatar l’UDR. Il veille aussi au service d’ordre du RPF, qui constituera un vivier de recrues pour le célèbre SAC (Service d’action civique), qu’il crée en 1959. Parallèlement, il exerce l’activité de patron d’une entreprise d’import-export, la Safiex.

Installer la Françafrique dans les bottes de la France coloniale est une lourde mission. L’accès au pouvoir de dirigeants « amis » ne se fera pas sans casse : du massacre des Bamilékés du Cameroun aux assassinats ciblés de grands leaders africains et d’opposants aux dictatures – éteignant en même temps de grands espoirs pour l’Afrique.

« Monsieur Afrique » de De Gaulle, Foccart le restera à l’Élysée aux côtés de Pompidou. En 1974, Giscard n’en voudra plus tandis que le Premier ministre Chirac fait équipe avec Pasqua, pour lequel Foccart n’a que mépris. Mais Chirac finira par récupérer ce grand talent, l’installant comme conseiller lorsqu’il regagne Matignon en 1986 et prenant à son égard la posture de « fils spirituel ». Jusqu’à sa mort en 1997, Foccart restera un conseiller écouté.