Survie

L’Algérie dans la Françafrique

Publié le 18 mars 2015

Au lendemain de la guerre d’indépendance, le pouvoir se trouve rapidement confisqué par deux entités complémentaires : la Sécurité Militaire (SM, devenue DRS) et une junte d’officiers. Ce binôme contrôle le pays en sous-main pendant trois décennies avant de prendre le pouvoir par la force en 1992, en réaction au succès électoral du Front Islamique du Salut. Pour se donner une légitimité, les généraux appellent au pouvoir Boudiaf, militant historique de l’indépendance en exil au Maroc, mais le font finalement assassiner lorsqu’il commence à s’attaquer à la corruption. Débute alors une véritable guerre civile, qui fera des dizaines de milliers de victimes.

Pour préserver un système de corruption basé sur les contrats commerciaux (notamment avec la France, alors premier partenaire extérieur), la junte mafieuse reprend les méthodes de guerre insurrectionnelle et instrumentalise des groupes armés, créant même de vrais-faux groupes islamiques armés (GIA) pour continuer à bénéficier de l’aideoccidentale contre le « terrorisme ».

Assassinat de l’opposant Mecili à Paris en 1987, enlèvement de Français à Alger par un faux GIA (affaire « Thévenot ») en 1993, mensonges sur l’assassinat des moines de Tibhirine en 1996, les exemples de complicité entre services français et algériens ne manquent pas.

Rien ou presque ne change avec l’arrivée au pouvoir de Bouteflika en 1999 : ce vieux politique, coresponsable du dévoiement antidémocratique de l’indépendance algérienne en 1962, a su tenir de belles paroles à son peuple et rassurer les militaires.

Corruption, fraude électorale, appareil répressif et manipulation de l’opinion restent les points cardinaux d’un pouvoir bicéphale (le Président et l’armée) qui mate notamment violemment la déclinaison algérienne du « printemps arabe » de 2011.

Si l’élection de François Hollande permet un pas en avant vers la reconnaissance des crimes coloniaux par la France, cette dernière continue de soutenir le régime algérien sans jamais mettre en doute sa façade « démocratique » ni s’attaquer à ses dérives mafieuses dont les bénéficiaires se situent de part et d’autre de la Méditerranée.

Hollande se rend en Algérie fi n 2012, afi n de renforcer la coopération économique et de défense mais aussi d’obtenir son aval pour le survol du pays par l’armée française, à la veille du déclenchement de l’opération Serval au Mali. En avril 2014, le Président français adresse ses « félicitations » à un Bouteflika malade voire impotent, suite à sa « réélection » décriée par l’opposition et la société civile.

Pour en savoir plus

  • L. Aggoun, J.-B. Rivoire, Françalgérie, crimes et mensonges d’État, La Découverte, 2004
  • F.-X. Verschave, Noir Silence, Les Arènes, 2000, pp. 246-255
  • www.algeria-watch.org
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