Alors que s’ouvre le procès des assassins de Thomas Sankara et de ses compagnons, Survie appuie le communiqué de presse du Réseau international Justice pour Sankara, justice pour l’Afrique, dont elle fait partie.
Après des années de combats et d’attente, le procès des assassins de Thomas Sankara et de ses compagnons s’ouvre le 11 octobre prochain à Ouagadougou. C’est pour le réseau international « Justice pour Thomas Sankara, justice pour l’Afrique » une grande satisfaction.
Les avocats de Blaise Compaoré ont décidé de perturber le procès. Ils viennent d’annoncer qu’ils le boycotteront [1]. M. Pierre Olivier Sur, également avocat de François Compaoré, n’hésite pas à avancer des mensonges éhontés[2].
Leur stratégie consiste uniquement à décrédibiliser la justice burkinabè. M. Pierre Olivier Sur tente d’influencer l’opinion publique en maniant sans scrupule l’insulte et le mépris pour le peuple du Burkina Faso et ses institutions[3].
Pour notre part, nous saluons le travail et le courage du juge François Yaméogo, rigoureux tout autant que tenace, qui a mené l’instruction et lancé en particulier une commission rogatoire envers la France et demandé l’ouverture du secret défense.
Nous rappelons au président Emmanuel Macron sa promesse faite à Ouagadougou en 2017 de déclassifier et de livrer effectivement tous les documents liés à l’affaire Sankara à la justice burkinabè.
Ce procès risque d’être amputé du volet international du dossier, puisque, après la disjonction, seule l’instruction sur le volet national du dossier est close. Aussi nous exhortons les avocats des victimes civiles à faire en sorte que le Tribunal évoque tout de même cette partie du dossier, au vu des éléments nouveaux de l’enquête, notamment l’arrivée de Français le 16 octobre 1987 pour "nettoyer" les écoutes téléphoniques.
Il est crucial de savoir qui sont ces personnes et qui les a envoyées. Pour cela, relancer la commission rogatoire en direction de la France ou en lancer une nouvelle permettrait d’éclaircir ces zones d’ombre. Ces écoutes auraient pu permettre, semble-t-il, de prouver la participation de Blaise Compaoré et de Jean Pierre Palm au complot visant à assassiner Thomas Sankara et ses compagnons.
Nous exhortons le nouveau juge en charge de la poursuite du volet international à mener l’instruction jusqu’à son terme et notamment continuer à demander à la France de fournir effectivement les documents classés secret défense, et les pays soupçonnés d’être impliqués à collaborer à l’enquête.
La mobilisation doit en particulier se poursuivre en direction de ces pays, en particulier, la France, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Libye et les Etats-Unis.
Fait à Ouagadougou, Paris, Niamey, Dakar, Bamako, New York, Toronto, Las Palmas, , Turin, Albany, Sabadell (Catalogne), Bobo Dioulasso, Montpellier, Banfora, Toulouse, Ajaccio
Le réseau international Justice pour Sankara justice pour l’Afrique
Contact : contactjusticepoursankara@gmail.com
[1] Voir https://lefaso.net/spip.php?article108055
[2] En réalité un mandat international a bien été annulé mais il concernait le procès du putsch de 2015. Le mandat concernant l’affaire Thomas Sankara date de décembre 2015 et n’a jamais été annulé. Quant à la loi d’amnistie que Blaise Compaoré avait fait adopter pour son propre compte, elle a été supprimée par le Conseil National de la Transition par la loi constitutionnelle N°072-2015/CNT portant révision de la constitution.
[3] M. Pierre Olivier Sur a par exemple déclaré : « si François Compaoré est extradé il sera découpé en rondelles » (voir https://blogs.mediapart.fr/bruno-jaffre/blog/090418/sil-est-extrade-francois-compaore-sera-decoupe-en-rondelles) et plus récemment : « Si François Compaoré est extradé, il sera tué en cellule » voir https://www.rfi.fr/fr/afrique/20210712-burkina-si-fran%C3%A7ois-compaor%C3%A9-est-extrad%C3%A9-il-sera-tu%C3%A9-en-cellule-selon-ses-avocats