François Compaoré a été interpellé dimanche 29 octobre à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle en vertu d’un mandat d’arrêt international lancé contre lui en mai dernier par un juge burkinabè dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et de ses trois compagnons de route, en 1998. A la bonne nouvelle de cette arrestation du frère de l’ex dictateur burkinabè, saluée dans les médias par Survie, a rapidement succédé l’annonce de sa libération sous caution contrôle judiciaire ce lundi 30 octobre, sur décision du parquet français. Une information qui semble renvoyer aux heures des compromissions de la France avec le régime Compaoré, jusqu’à son renversement en octobre 2014.
Trois ans presque jour pour jour après que les autorités françaises ont discrètement soustrait François Compaoré à la justice de son pays, en l’évacuant par hélicoptère avec son frère Blaise, sa remise en liberté est un très mauvais signal. D’autant plus que le Parquet n’étant pas une autorité judiciaire réellement indépendante du pouvoir politique en France, il y a fort à craindre que cette décision ait été prise avec l’accord du gouvernement, voire de l’Elysée.
Survie demande l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso pour qu’il y soit jugé dans le cadre de l’affaire Norbert Zongo et rappelle son souhait que la justice burkinabè obtienne des autorités françaises la mise en place d’une commission rogatoire dans le cadre de l’assassinat de Thomas Sankara, autre dossier judiciaire sensible pour la France, demande restée sans suite jusqu’à aujourd’hui.