Les Organisations de la Société Civile congolaise et française présentes en France souhaitent alerter la communauté internationale et l’opinion publique sur les dramatiques conditions de préparation de l’élection présidentielle prévue le 12 juillet prochain.
En 1997, Denis Sassou Nguesso, avec la bénédiction de l’Elysée et de la multinationale ELF devenue TOTAL, s’autoproclamait Président de la République du Congo après avoir déclenché la guerre civile. La jeune démocratie congolaise était alors complètement déstabilisée, la constitution consensuelle abrogée et les représentants légaux élus par le peuple remplacés. Depuis, le pouvoir militaire et dictatorial instauré n’a cessé d’étendre sa puissance tant matérielle que sociale sur une population réduite à un taux de pauvreté alarmant et à la peur permanente du lendemain à la suite des nombreux massacres orchestrés par le pouvoir en place (cf l’affaire des disparus du Beach, relancée récemment par la Cour de Cassation à Paris).
C’est précisément dans ce même climat que vont se tenir les prochaines élections présidentielles. Tous les Congolais appelés aux urnes le 12 juillet 2009 ont en mémoire le déroulement peu démocratique des élections de 2002 au cours desquelles la manipulation des résultats avait permis à Denis Sassou Nguesso d’afficher une victoire écrasante avec 89,41% des suffrages exprimés, score peu crédible mais salué par la France.
Ils ont aussi en mémoire le score de l’actuel président lors du seul scrutin déclaré libre et transparent par l’ensemble de la communauté internationale en 1992 : moins de 17%, en troisième position.
Depuis 2002, la situation politique ne s’est pas améliorée, en témoignent par exemple les législatives de juin et juillet 2007 qui se sont tenues dans des conditions catastrophiques et dont, fait probablement unique au monde, les résultats ont été proclamés sans annoncer le nombre d’électeurs inscrits et de votants.
Dans le même temps, le Congo a enregistré une hausse vertigineuse de ses revenus pétroliers (plus de 2 milliards d’euros d’excédent budgétaire en 2008, soit 50% du budget de l’Etat) ne profitant qu’aux proches du Chef de l’Etat, comme en témoigne entre autres l’affaire des Biens Mal Acquis, et alors que 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté et dans une paupérisation croissante et un non développement.
Les conditions pour une élection libre et transparente sont-elles réunies aujourd’hui ? Malheureusement, le gouvernement congolais en place n’ayant pas donné suite à l’offre de l’Union Européenne d’observer le processus électoral, il est illusoire de s’attendre à autre chose qu’un simulacre d’élection avec des résultats déjà connus à l’avance étant données les conditions de préparation :
– Commission Electorale Nationale Indépendante refusée par le régime en place,
– Droits de l’opposition systématiquement bafoués pendant la campagne électorale,
– Absence de clarté des listes électorales basées sur le recensement tronqué de 2007,
– Non-respect continuel de la Constitution.
Nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu’elle reste vigilante et relève, publiquement et de façon impartiale, toutes les failles de cette réélection annoncée. Car, pour les forces citoyennes, la seule alternative possible au gouvernement actuel réside non pas dans l’existence de candidats d’opposition dits crédibles mais dans la refonte des bases du processus même des élections et du système politique.
Le risque est grand qu’au lendemain du 12 juillet, le Congo sombre à nouveau dans des troubles graves.
Cet appel s’adresse particulièrement à la France qui entretient des liens toujours ambigus avec ce pays, cas d’école de la Françafrique, comme en témoignent les déclarations du Président Nicolas Sarkozy à Brazzaville le 28 mars dernier : « grâce au Président SASSOU NGUESSO, le Congo a retrouvé la stabilité et la sécurité », alors qu’il est le premier responsable des années de guerre civile et de massacres entre 1997 et 2002.
La France pourrait s’inspirer des positions qu’elle avait prises au moment des élections au Zimbabwe en 2008 : elle avait condamné par avance des élections faussées. En 2002, la communauté internationale avait également condamné le Zimbabwe pour ses élections truquées alors qu’elle fermait les yeux sur celles du Congo qui s’étaient déroulées dans des conditions d’organisation similaires.
Contacts presse :
– Anne Bonnefont, Secours catholique : anne-bonnefont(at)secours-catholique.asso.fr, 06 07 12 46 36.
– Benjamin Moutsila, Fédération des Congolais de la Diaspora, 06 83 12 12 92.
– Olivier Thimonier, Survie : olivier.thimonier(at)survie.org, 01 44 61 03 25.