Survie

L’évasion de l’argent public dans les Paradis Fiscaux, l’exemple du Congo Brazzaville

Publié le 15 février 2006 - Benjamin Moutsila

Conséquences de l’évasion de l’argent public dans les Paradis Fiscaux et Judiciaires sur le développement des pays du Sud cas du Congo Brazzaville

Intervention de Benjamin MOUTSILA Délégué Général de la Fédaration des Congolais de la Diaspora (FCD) lors de la conférence de presse de lancement de la plateforme contre les paradis fiscaux et judiciaires, le 2 février 2006 au Secours catholique/Caritas à Paris.

Le Congo à l’orée des années 70 n’était pas endetté. Et avec la découverte de gisements pétroliers prometteurs, Marien Ngouabi président de la république d’alors, fît des projections de plein emploi et se lance dans un plan de dévelopement basé sur les productions de pétrole futurs car prometteurs. Hélas c’est un échec car ne rentrant pas dans les magouilles politico-financières des majors du pétrole. Les gisements vont devenir subitement improductifs et les caisses de l’état se vident inhéxorablement. Survient alors une instabilité politique de circonstance, qui aboutit à l’assasinat de Ngouabi le 18/03/1977.

Sassou membre de l’Etat Major Spécial Revolutionaire (EMSR) prend le pouvoir, il crée le Comité Militaire du Parti (CMP). Une vague d’assassinats de personnalités se déroule tout azimut. Le 3/04/1977 un autre militaire Yhombi Opango devient président, mais la crise persiste et se durcit : les congolais appelleront cette période : VDA vivre durement aujourd’hui pour mieux vivre demain. Ces problèmes vont entrainer des conflits dans la classse politique d’où l’avénement d’un autre militaire à la tête du pays : Sassou le 5/02/79.

En changeant de président les puits redeviennent productifs et la mane pétrolière fait du Congo un état riche. Il fait adopter par referendum la V° constitution le 8/07/1979. Et le 13/11/1980 il fait une révision constitutionnelle ( Art 47) l’autorisant à légiferer seul dans le domaine économique : le pétrole. Un plan quinquénal est initié et financé par des "avances sur productions " en réalité prêts gagés. Et la spirale sans fin de la dette et de la corruption prend une vitesse exponentielle. Les dépenses de prestige deviennent monnaie courante car générant des surfacturations et des fauses factures. Une boutade avait cours chez tous les congolais de l’époque : "On a tué l’éléphant il faut aller prendre sa part "

Les biens publics car non marchands étaient totalement abandonnés. L’école n’était plus que de nom. Les derniers investissements dans les infrastructures scolaires datent de 1968. Depuis plus aucun établissement scolaire ne sera construit. Les effectifs explosent jusqu’à 250 élèves par classe, les élèves s’asseyent à même le sol. Les moyens pédagogiques ne sont plus budgétisés Et par manque de locaux les élèves rentraient par alternance : matin ou soir. Un chomage de jeunes s’accroit à une vitesse vertigineuse.

La santé est totalement abandonné aux ONG locales et étrangéres avec la disparition des dispensaires des petites localités, Les campagnes de vaccination ne sont plus assurées. La non maintenance et le non équipement en fait des hopitaux "poubelle et mouroir". Et s’y développe un trafic de soins et de prescriptions moyenant "bière sêche". Les malades sont transportés à dos d’homme moyennent 1000 Fcfa par étage. Des appareillages médicaux sont abandonés dans le port de Pointe Noire car les bakchich n’étaient pas au rendez-vous. Le CHU devient "CH tue" car il se délabre. Beaucoup de maladies qui étaient en train d’être éradiquées, réapparaissent comme la tuberculose, la lèpre, la fièvre typhoïde ...Les centres des santé de l’intérieur abandonnés n’ont pu prendre en charge les épidémies comme "Ebola", l’insécurité sanitaire est criard.

Les réseaux routiers également sont abandonnés car ne générant que peu de corruption, les routes bitumées dans les régions ne sont plus entretenues, elles redeviennent des pistes non carrossables ( Ex BZV/ Kinkala : 77 kms en 1970 se fait en 45 mn ; en 2000 en 7 à 8 heures.) Le CFCO n’est plus que son ombre. Les voies disparaissent sous le sable et les quais des gares ont disparu. Les voitures sont délabrées et les locomotives tombent en panne toutes les trois gares ainsi le trajet BZV PN 510 kms se fait en plus de 18 Heures. Les clients voyagent sans aucune sécurité.

Les tarmacs d’aéroports deviennent des nids de poules et les aérogares ou aérohangar des lieux de tous les rackets dignes des bas fonds de "Notre Dame de Paris" de V Hugo. La maintenance est systématiquement renvoyée aux calandres grecques, les fonds ayant disparus entre la corruption et les détournements.

Les fluides domestiques eau et électricité ne sont plus livrées avec régularité. La corruption aidant, les agents se font payer directement, d’où les branchements pirates et frauduleux. Les fonctionnaires et retraités connaissent un retard dans la perception de leurs traitements de six mois à trois ans. Ainsi les retraités s’appellent des "maltraités" car ils sont les laissés pour compte des caisses de retraite.

De ces annés Sassou I, toutes les réalisations ont fondu comme neige au soleil : les entreprises à grosse main d’œuvre de 1965 comme Sotexco (Textiles), les palmeraies de Etoumbi, Chacona (bateaux), périclitent. D’autres projets annoncés comme la brasserie d’Oyo deviennent des réalisations mirages, leurs financements rejoignent les paradis fiscaux et judiciaires. Ainsi lors de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) de 1992 Sassou a été reconnu seul coupable et responsable de malversations économiques surtout la gestion du pétrole et complice des milieux politico-mafieux, et a été condamné à payer une amende de 2 milliards de F cfa. Ainsi que son épouse avait été condamné, et ses gvts ont été reconnu coupable de prévarication et de mauvaise gestion.

Sassou II a remis les mêmes vautours aux comandes du pays avec des méthodes de gangsters financiers et économiques, doublés de ses neuveux, cousins, fils et filles créant des sociétés écrans logés dans les PFJ, afin de disimuler les avoirs du pétrole et du bois pour mieux les détourner au profit de la famille et du clan. ( Spécial Purpose Vehicule, Sphinx et Africa Oil and Gas Corporation, Cotrade ). Le Congo cache les détournements mais ce n’est pas sans complicités avec des lobbys politico-mafieux français et aujourd’hui internatinaux : la mafiafrique.

Les jeunes n’ont plus d’avenir, alors les hommes politiques en font leur obligés en les milicisant et en créant des faux rebelles. Ainsi les armes peuvent entrer, entretenant un climat de braquage et d’assassinats. Ils sont impunis, car rendant des services. Avec les armes la classe dirigeante crée un climat de peur et de psychose pour se maintenir au pouvoir par la violence. Ils peuvent bénéficier des fonds de toutes parts pour la démobilisation des hommes en armes ( DDR). Mais ceux-ci sont systématiquement détournés. L’insécurité et l’impunité règnent. La démocratie est ainsi confisquée au profit des guerres contre les civils. Aucune contradiction n’est tolérée, les contre-pouvoir n’ont pas droit de cité, d’où la chasse régulière et l’expulsion des ONG de terrain : "circuler il n’y a rien à voir ".

Les populations rentrent dans un cycle de paupérisation à en devenir indigentes, pendant ce temps les dirigeants se concurencent à se construire le bunker le pus hideux de la place ou encore à s’acheter des hôtels particuliers en Europe : Paris, Courbevoie, Le Vésinet, Meaux, Villeparisis etc... Ce que le "premier ministre congolais" Isidore M’VOUBA en réalité porte parole appelle la disimulation aux créanciers vautours. Lors d’un point de presse, ce dimanche 22 janvier 2006, à l’olympic palace il a déclaré : "Nous sommes harcelés, des créanciers vautours cherchent partout nos revenus pour que nous remboursions nos dettes. Nous sommes obligés de protéger notre argent par des mécanismes parfois peu orthodoxes" Alors que la transparence de la gestion bugtetaire d’un état se fait par des lois au parlement ; au Congo c’est une gestion de crapules.

Un paramètre totalement incohérent pour l’afrique des dictateurs : c’est le Taux de Croissance. Le paramètre le plus réaliste c’est l’Indice de Développement Humain. le Congo est riche en matières premières. Mais regarder l’état de ses infrastructures de base indigne de ses richesses. Ces mêmes mécanismes se retrouvent au Togo avec les phosphates, en Angola avec le pétrole la SNPC n’est que la jumelle de la Sonangol, et le bois où on trouve des passerelles entre le Cameroun et le Congo. La même misère pour tous ces peuples. Si on annulait cette dette en l’état actuel de la gouvernace des pays endettés, ce serait mettre comme patron de banque des gansters de hauts vols, comme nommer Albert Spagiari directeur de la Société Général de Nice.

Je vous remercie

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