Survie

Côte d’ivoire - A fleur de presse

Publié le 28 janvier 2004

Notre Voie (Abidjan), George Bush et Laurent Gbagbo : curieuses similitudes ! Élection, courage politique, lutte contre le terrorisme, patriotisme, 21/12 (Didier DEPRY) :

« Aujourd’hui encore, les adversaires “outre-Atlantique” du chef d’État américain crient désespérément à qui veut les entendre qu’il a été "mal élu". Une rengaine tenue curieusement aussi à l’endroit de Laurent Gbagbo par des observateurs sulfureux. [...] Après son élection, Bush s’est retrouvé quelques mois plus tard confronté [... à] une attaque terroriste sans précédent attribuée à Oussama Ben Laden et son réseau terroriste Al-Qaida. Le terroriste d’origine saoudienne [...] bénéficierait [...] de soutiens inestimables, dont celui de l’Irakien Saddam Hussein. Qui constituerait avec le Libyen Muammar Kadhafi, l’un des parrains mondiaux du terrorisme. C’est au su de toutes ces réalités que Bush s’est lancé dans cette croisade contre le terrorisme dont la guerre en Irak est une étape importante. Le 19 septembre 2002, le terrorisme frappe aux portes de la Côte d’Ivoire [... soutenu par] la Libye de Kadhafi. [...] Il a fallu l’agence de presse britannique Reuters pour mettre à nu les accointances entre cette rébellion armée et le mouvement terroriste Al-Qaida. Cela à travers la publication d’une photo d’un rebelle-mercenaire arborant un tee-shirt à l’effigie de Oussama Ben Laden. L’une des nombreuses milices de la rébellion porte d’ailleurs le nom Al-Qaida. On se souvient même que le chef rebelle Tuo Fozié [...] arborait une barbe hirsute à la “moudjahidine”. Bush a capturé Saddam Hussein et porté ainsi le glaive au coeur du terrorisme mondial. Laurent Gbagbo réussira-t-il à faire autant pour "son" Ben Laden ? [...] Laurent Gbagbo [...] s’est rendu au front à M’Bahiakro pour rencontrer les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) en colère contre leur hiérarchie qu’elles soupçonnaient de retarder la libération des zones assiégées par la rébellion où étaient détenus des éléments des FANCI, le dimanche 30 novembre 2003. [...] Le président américain George Bush a, sous une autre forme, encouru les “mêmes” risques sécuritaires. Le jeudi 27 novembre dernier, Bush s’est rendu dans le plus grand secret à Bagdad pour passer le Thanksgiving (fête de la dinde) avec les quelques 130 000 soldats américains présents dans la capitale irakienne. Une telle visite hautement risquée montre le courage politique du chef d’État américain. Comme des guerriers, Gbagbo et Bush sont allés vers leurs soldats. »

[Manifestement, le journaliste de Notre Voie, l’organe du parti présidentiel, souhaite rehausser le prestige de son chef. Mais la comparaison avec George Bush n’est pas un cadeau. On sait maintenant que George W. Bush a été frauduleusement élu, à la suite d’une radiation massive d’électeurs noirs en Floride (cf. Black List, les arènes, 2003, p. 219s). On sait ce qu’il en est des liens entre Al Qaïda et Saddam Hussein, et de l’utilisation du « terrorisme » comme instrument de propagande agressive. Les liens de la rébellion ivoirienne avec Al Qaïda se résument ici aux indices de la popularité du Saoudien en terres d’Islam. Au Sahel, il s’est vendu des dizaines de milliers de tee-shirts à son effigie. Le nombre de tee-shirts Che Guevara portés par des lycéens français signifie-t-il que ce pays est castriste ? On pourrait sourire d’un mimétisme presque burlesque (la fête de la dinde, l’anti-kadhafisme aussitôt dépassé par la réconciliation spectaculaire Libye-US). Ce qui est moins drôle, c’est la volonté de certains idéologues d’inscrire la crise ivoirienne sur l’Axe du Bien et du Mal. S’ils y réussissaient, on ne serait pas sorti de l’auberge. Heureusement qu’entre-temps la grande majorité des pays étrangers paraît plus résolue à éteindre l’incendie qu’à le nourrir. - FXV]

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