Survie

Côte d’Ivoire : disqualifier les médias de la haine et les pyromanes de l’ethnisme, Urgence

Publié le 24 octobre 2002 (rédigé le 24 octobre 2002)

L’intensité des passions soulevées par et depuis la rébellion du 19 septembre rend extrêmement fragile le cessez-le-feu, bienvenu, obtenu par la présidence sénégalaise de l’organisation régionale ouest-africaine, la CEDEAO. La force d’interposition, française puis ouest-africaine, devra être d’autant plus forte que les pyromanes de l’ethnisme tenteront de multiplier les brasiers. Aucune force ne suffira si on les laisse proliférer.

Souvenons-nous du génocide au Rwanda en 1994 : les médias de la haine et les extrémistes civils (parti CDR) ou militaires (escadrons de la mort, AMASASU) ont joué un rôle déterminant, surtout lorsqu’ont été mises en place des milices et autres "forces d’auto défense".

Le président Laurent Gbagbo se réclame d’une légitimité démocratique. Celle-ci se dissoudrait si de tels incendiaires continuaient de pouvoir évoluer et agir au sud de la Côte d’Ivoire avec le feu vert ou orange de la Présidence. Ou celle-ci est légitime, et elle condamne les incitateurs au crime contre l’humanité. Ou Laurent Gbagbo n’exerce plus la réalité du pouvoir, et il faut en tirer toutes les conséquences. Ou il tire sur les ficelles de l’ethnisme médiatique et paramilitaire, et il devient illégitime au regard du droit international.

Nous ne tranchons pas entre ces trois options. Nous espérons que Laurent Gbagbo se reconnaîtra dans la première. Il est en tout cas urgent que tous les pays et institutions intéressés à la coexistence des populations vivant en Côte d’Ivoire l’y invitent très fermement. Ainsi conviendrait-il d’interdire les journaux extrémistes, les dénonciations d’"ennemis de la patrie" sur les médias d’Etat, et de sanctionner fermement les officiers responsables d’"escadrons de la mort".

Il est également urgent de rappeler les rebelles au respect des conventions de Genève, ce qui implique la sanction des auteurs d’exécutions extrajudiciaires. Mais force est de reconnaître qu’aujourd’hui les dérapages du discours xénophobe se situent principalement dans le camp de la "légitimité" - dont l’histoire nous montre qu’une élection "démocratique" n’est pas le seul fondement.

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