Survie

Côte d’Ivoire : les Nations Unies et la France ne peuvent rester impassibles devant un engrenage à la rwandaise

Publié le 29 mars 2004 - Survie

Depuis jeudi 25 mars, en décidant de faire tirer sur un début de manifestation puis d’enclencher une chasse à l’homme dans les quartiers présumés "ethniquement" hostiles d’Abidjan (avec un bilan estimé déjà à plusieurs centaines de morts), le régime de Laurent Gbagbo a montré qu’il faisait le choix du pire. Les morgues débordent. L’alliance de l’armée, des milices pro-gouvernementales et d’une propagande identitaire rappelle ce qui s’est mis en place au Rwanda il y a un peu plus de dix ans et qui a conduit au génocide.

Les forces françaises et africaines déjà sur place, en attendant celles des Nations unies, ont reçu le mandat clair de protéger les populations civiles. Elles peuvent et doivent exiger l’arrestation immédiate des responsables bien connus de ces massacres, de ces chasses à l’homme, de ces escadrons de la mort. Ou y procéder, quoi qu’il en coûte. Encore une fois, elles en ont le mandat. Le président Gbagbo doit assumer ses responsabilités et dénoncer immédiatement les tueries. S’il ne le fait pas, il peut et doit être mis en cause immédiatement devant la Cour pénale internationale sur décision du Conseil de sécurité de l’ONU, avec toutes les conséquences politiques que cela implique.

Chacun sait qu’un engrenage est déclenché en Côte d’Ivoire par des éléments fanatisés. Ne pas bloquer cet engrenage dès aujourd’hui amènera à devoir le bloquer demain, à un coût infiniment plus élevé. La communauté internationale, en train de méditer sur son attentisme gravement coupable devant le génocide d’un million de Tutsis au Rwanda, doit donner un signal rapide et très net qu’elle ne laissera pas le champ libre à de nouveaux pyromanes.

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