Survie

L’assassinat du juge Borrel : une affaire Dreyfus

Publié le 5 décembre 2002 - Survie

Communiqué, le 5 décembre 2002.

Le courage obstiné d’une veuve, la solidarité d’une partie de ses collègues, l’obstination de ses avocats, l’appui de quelques journalistes et de citoyens scandalisés par un mensonge d’État ont fini par faire éclater la vérité : le juge coopérant Bernard Borrel a été assassiné en octobre 1995 à Djibouti.

Du coup, tous les témoignages d’exilés de Djibouti énonçant précisément les conditions de cet assassinat et la responsabilité directe de l’actuel Président de ce protectorat militaire français, Ismaël Omar Guelleh, prennent tout leur sens. On ne pourra plus éviter de s’interroger sur la culpabilité de ce policier tortionnaire, ni sur le pourquoi de la protection d’une dictature mafieuse par un certain nombre de responsables politiques et militaires français.

Le plus insupportable reste évidemment qu’un certain nombre de magistrats, de policiers et d’experts ont, sur ordre, maintenu durant sept ans la version du suicide. Quitte à salir la victime, désespérer sa veuve et ses enfants. La série de rapports tronqués ou truqués, d’analyses escamotées ou biaisées, fait irrésistiblement penser à l’affaire Dreyfus - dans l’ombre de la Françafrique, militaro-politique. Sera-t-elle l’occasion du même sursaut civique ? Rompra-t-elle enfin le consensus de la gestion néocoloniale, empreinte de racisme, d’une partie de l’Afrique - le plus long scandale de la République ?

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