Voici une tribune pour entendre le cri de colère d’un artiste centrafricain, Vincent Mambachaka, indigné par l’attitude de la classe politique centrafricaine et celle des représentants des institutions internationales. Les uns absorbés dans leurs rivalités pour jouir du pouvoir à leur seul profit, les autres englués dans l’apathie des lourds et coûteux appareils qui ne sont là que pour assister au désastre.
Cette scandaleuse incapacité de ceux qui ont entre leurs mains la puissance d’agir est révoltante au regard de l’enfer que vit la population centrafricaine, victime de décennies de manipulations politiques et de prédations internationales pour finir livrée à la peste des milices ethniques, dérive suicidaire d’un désespoir absolu.
Vincent Mambachaka a le mérite de désigner l’hypocrisie générale qui cache l’inutilité des différents acteurs censés gouverner la Centrafrique. Pour avoir appartenu au Comité National de Transition, il a pu voir de près le sinistre carnaval qui se joue sur la scène centrafricaine.
Odile Tobner
« L’esclave qui ne parle pas, ne se révolte pas, ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort.
Seule la lutte libère » dixit Frantz FANON et repris par Thomas SANKARA.
Y en a marre des morts et des crimes contre l’humanité en Centrafrique, dans l’indifférence
générale, et qu’on ironise sur nos morts...
Y en a marre des morts d’enfants, de femmes, de vieillards, victimes innocentes des
mercenaires criminels devant l’indifférence générale de nos dirigeants.
En Centrafrique, on ironise sur nos morts...
Y en a marre des assassinats des personnels humanitaires et des destructions de leurs
équipements. Des jeunes pour la plupart qui quittent leurs pays à travers le monde, en
mobilisant des moyens et s’associent à d’autres jeunes Centrafricains pour venir et qu’on
empêche de soulager la souffrance d’un peuple en péril.
En Centrafrique, on ironise sur nos morts...
Y en a marre en Centrafrique, qu’on meurt, qu’on tue, et que mon pays soit toujours le pays
« des records négatifs », comme dirait l’autre même dans sa tombe, à cause de l’absence de
vision, des querelles intestines et de la mal gouvernance de nos dirigeants démocratiquement
élus et démocratiquement constitués
Y en a marre que STEPHEN O’BRIEN, Sous-Secrétaire Général aux Affaires Humanitaires
des Nations Unies, crie au risque de génocide en Centrafrique, alors qu’il ne désigne pas
PARFAIT ONANGA ANYANGA, Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations
Unies « et Roi de Centrafrique », comme le responsable numéro un et coupable des morts et
des génocides en Centrafrique.
En Centrafrique, on ironise sur nos morts...
Y en a marre quand JEAN-PIERRE LACROIX, Responsable des Opérations des Casques
Bleus aux Nations Unies crie que la Centrafrique souffre d’un manque de leadership, sans
préciser que le responsable numéro un est le Général en Chef BALLA KEÏTA, Commandant
en Chef des Forces de Maintien de la Paix en Centrafrique (MINUSCA), composées de
12 000 hommes qui sont incapables de protéger la population et d’arrêter une bande de
mercenaires criminels qui assassinent, tuent des femmes, des enfants, des jeunes, brûlent des
villages entiers.
En Centrafrique, on ironise sur nos morts...
Y en a marre que nos dirigeants démocratiquement élus et démocratiquement constitués, se
délectent et nous abreuvent des informations de coups d’état et de création de comités de
soutien à leur effigie.. à leur gloire, alors que tout le pays est entre les mains d’une bande de
mercenaires criminels assassins qui tuent, pillent nos richesses pendant qu’ils circulent dans
de grosses voitures à Bangui et sont silencieux et indifférents à la détresse de leur peuple.
En Centrafrique, on ironise sur nos morts...
Y en a marre que les dirigeants qui représentent l’Exécutif et ceux qui représentent le
Législatif, se regardent en chien de faïence et se querellent à longueur de journée pour on ne
sait quoi, alors qu’on tue, on meurt en Centrafrique, dans l’indifférence générale.
En Centrafrique, on ironise sur nos morts...
Y en a marre qu’il n’y ait plus d’hôpitaux en Centrafrique, sinon des morgues à ciel ouvert.
En Centrafrique, on ironise sur nos morts...
Y en marre qu’il n’y ait plus d’école pour l’éducation de nos enfants ; qu’il n’y ait plus de
routes, et surtout plus de sécurité, pendant que nos dirigeants démocratiquement élus ou
démocratiquement constitués, nous disent de « devoir patienter ; qu’ils sont en action... » jusqu’à quand ?
En Centrafrique, on ironise sur nos morts...
Y en a marre de ne pas avoir d’armée, de ne pas avoir d’Etat, de ne pas avoir d’argent et de ne
pouvoir exploiter nos richesses, alors que nos dirigeants démocratiquement élus nous
demande de « patienter... qu’ils sont en action » et jusqu’à quand ?
En Centrafrique, on ironise sur nos morts...
4 600 000 population totale en Centrafrique, 2 400 000 de la population en péril humanitaire,
1 800 000 en péril extrême, 600 000 déplacés dans la brousse... C’est un crime contre
l’humanité quand nos dirigeant démocratiquement élus et constitués, nous disent de
« patienter, qu’ils sont en action » et refusent de regarder la réalité en face...
4 600 000 population totale en Centrafrique, 2 400 000 de la population en péril humanitaire,
1 800 000 en péril extrême, 600 000 déplacés dans la brousse... C’est crime contre l’humanité
quand PARFAIT ANANGA ONYANGA et son sbire BALLA KEÏTA et ses Conseillers
Politiques continuent de dire que la situation se stabilise en Centrafrique, alors que toutes les
chancelleries de grandes puissances membres du Conseil de Sécurité et leurs principaux
bailleurs, leur disent le contraire...
En Centrafrique, on ironise sur nos morts...
En Centrafrique, les morts ne sont pas morts... On ne peut plus se taire
Peuple de Centrafrique, dans ta détresse et dans ta souffrance, dans ta douleur, souviens-toi de
KARINOU, des Sultans de NDELE, de BIRAO, de BANGASSOU, de RAFAÏ, de ZEMIO,
de OBO, de BARTHELEMY BOGANDA, de NZAPAKOMANDA YAKOMA, de
CONJUGO, de ALPHONSE BLAGUE, de BAMBOTE MAKAMBO, de GOTHOAS, de
RUTH ROLLAND, de ELISABETH DOMICIEN, de JEAN-PAUL NGOUPANDE, de
BANZA, de IZAMO, de ALBERT NDODET dit MALABAR, MAX WALLOT, FRANÇOIS
GUERET, Maître GOUNEGAÏ, Maître ZARAMBAUD... des héros de la liberté, de la
justice, de l’unité nationale. Ils doivent te parler, nous parler.
Nous ne devons plus nous taire devant l’indifférence générale, de nos morts. Car en
Centrafrique, on ironise sur nos morts.
On ne doit plus rester impassible et qu’on continue d’ironiser sur nos morts. Nos dirigeants
démocratiquement élus et les dirigeants démocratiquement constitués sont devenus
amnésiques et atones devant nos morts et les crimes contre leur peuple en Centrafrique ; sinon
comment comprendre ce silence coupable ?
Y en a marre d’être sous tutelle
Je...Nous... Vous ne pouvez plus vous taire
Y en a marre
Bangui le 23 Août 2017
Vincent MAMBACHAKA
Artiste – Metteur en scène centrafricain