Survie

Hommage à Outel Bono : Lettre à Bertrand Delanoë

Publié le 3 septembre 2003 - François-Xavier Verschave, Nadine DAUCH-BONO

Monsieur Bertrand Delanoë

Maire de Paris

Objet : Commémoration de l’assassinat du Docteur Outel Bono à Paris, le 26 août 1973

Monsieur le Maire de Paris,

Le 26 août 2003 a marqué le trentième anniversaire de l’assassinat du Docteur Outel Bono. Opposant tchadien au régime de Tombalbaye, il fut assassiné en plein Paris le 26 août 1973, alors qu’il s’apprêtait à rendre publique la création d’un « Mouvement Démocratique de Rénovation Tchadienne ». L’auteur présumé de l’assassinat ne fut jamais convoqué par les juges. Il est vrai que cette affaire révélait l’implication des services secrets français. En 1982, l’instruction se conclut par un non-lieu.

Le destin d’Outel Bono est emblématique du malheur politique et historique que l’Afrique a vécu depuis quarante ans. Il a très certainement payé son indépendance et sa volonté de travailler uniquement pour son pays. Il n’était le « client » de personne, possédait les vues les plus larges et les plus généreuses, jointes à l’intelligence et au désintéressement, un véritable danger pour tout ce qui « tenait » l’Afrique.

En hommage à la droiture et au courage du Dr Bono, une trentaine de personnes se sont réunies le mardi 26 août pour commémorer le trentième anniversaire de son assassinat. Des militants de notre association, des proches de la victime et des opposants tchadiens se sont rassemblés en fin d’après-midi devant le 80 rue de la Roquette, lieu de l’assassinat, afin d’évoquer la mémoire du défunt et interpeller les habitants du quartier sur ce sombre épisode de notre Histoire.

Suite à ce rassemblement symbolique, nous souhaitons entamer des démarches afin qu’une plaque commémorative soit apposée sur le lieu de l’assassinat d’Outel Bono. En vous sollicitant à cette fin, nous pensons notamment à la plaque que vous avez inaugurée le 17 octobre 2001 à Paris en mémoire aux Algériens tués par les forces de l’ordre lors de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961. Elle a constitué une première marque de reconnaissance, tandis que l’histoire officielle occultait cette répression sanglante.

Trente ans après, l’assassinat politique d’Outel Bono fait l’objet du même processus d’occultation. L’inauguration d’une plaque en l’hommage de cet homme représenterait un premier geste de reconnaissance. Nous espérons que cette demande retiendra votre attention et vous prions d’agréer, Monsieur le Maire de Paris, l’expression de nos sincères salutations.

Nadine DAUCH-BONO (son épouse) et François-Xavier VERSCHAVE (Président de Survie)

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