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Diplomatie élyséenne, entreprises françaises et dictateurs africains : la Françafrique se veut « décomplexée » avec Nicolas Sarkozy.
Les mécanismes du pillage systématique des ressources africaines tournent à plein régime au mépris du développement économique et démocratique de l’Afrique
Une histoire (toujours) coloniale
L’histoire des entreprises françaises implantées en Afrique est indissociable de la politique néocoloniale menée par la France dans les pays africains dits du « pré carré ». L’objectif numéro 1 ? Le maintien de l’influence française sur le continent africain qui permet d’assurer aux entreprises hexagonales un accès privilégié aux ressources naturelles, telles le pétrole, l’uranium, les minerais, le bois, etc. Main dans la main, l’homme politique et l’homme d’affaires font vivre la Françafrique. Perpétuée par tous les présidents de la République, de De Gaulle à J. Chirac en passant par V. Giscard d’Estaing ou F. Mitterrand, la politique économique de la France s’est dissimulée derrière les discours de la France « meilleure amie de l’Afrique », sous couvert d’une aide publique au développement maintenant en place des régimes kleptocrates sous perfusion.
Nicolas Sarkozy : VRP des entreprises françaises en Afrique
Avec l’arrivée à la présidence française de Nicolas Sarkozy (qui avait promis une rupture avec la Françafrique et les pratiques de ses prédécesseurs), nous assistons non seulement à une perpétuation de cette politique mais également à son regain, caractérisé par une défense affichée et revendiquée des intérêts français en Afrique : ventes d’armes, prolifération irresponsable du nucléaire, conquête de nouveaux marchés par Total, Bolloré, Areva, Bouygues (et bien d’autres) en Angola, au Soudan, au Congo, etc. Le secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet, a d’ailleurs pris les attributs de son homologue du Commerce extérieur en se faisant le porte-voix des seuls intérêts français : « L’implantation des entreprises françaises en Afrique est l’une de mes priorités » (lejdd.fr, le 20 mai 2008) ; ou encore : « On veut aider les Africains, mais il faut que cela nous rapporte » (Libération, le 24 juin 2008).
Développement au nord et pillage au sud
S’il est tout à fait légitime que les entreprises privées défendent leurs intérêts propres, le fait que la diplomatie française se donne quasi essentiellement comme mission de défendre et promouvoir des intérêts particuliers, pose un véritable problème éthique. Faut-il rappeler que la coopération française est censée accompagner l’Afrique sur la route du développement. Or le plus souvent, l’implantation de grandes entreprises françaises (et étrangères) en Afrique a un impact négatif sur le développement économique et social : pollution, corruption, pillage des ressources naturelles. D’autre part, l’implantation d’entreprises françaises (qui sont tournées vers la satisfaction des besoins des pays du nord où elles rapatrient leurs bénéfices) empêche l’émergence d’un entreprenariat local solide, par substitution aux entreprises locales et contribue ainsi à l’extraversion et à la fragilisation des économies africaines.
En outre, il existe de graves problèmes en terme de transparence, notamment dans l’exploitation des ressources naturelles. La corruption et les détournements permettent le financement (avec la connivence des entreprises françaises) de régimes répressifs et dictatoriaux qui renforcent ainsi leur pouvoir repoussant vers un avenir incertain les espoirs démocratiques des populations.
Un renoncement pur et simple aux principes de développement, de démocratie et des droits humains
Aujourd’hui, officiellement, seul compte le développement de la France, de ses entreprises et des bénéfices de ses grands patrons : une équation qui nécessite la perpétuation du soutien à des régimes africains dictatoriaux. Fondée sur les principes de croissance et de commerce (qui ne profitent qu’à une minorité), la conception française de la coopération va à l’encontre des principes même du développement socio-économique et humain. Les populations africaines sont sacrifiées sur l’autel de la compétition internationale. Paupérisées, elles ne voient de solution que dans l’émigration vers les pays développés.
Pour Survie, il est essentiel d’informer les citoyens français sur le rôle des entreprises françaises en Afrique et de dénoncer les connivences entre diplomatie et business, qui ont pour conséquences la dictature et le non-développement. Il est nécessaire de mettre un terme à la « coopération business » et de promouvoir une autre relation de la France avec l’Afrique.
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Survie sort un dossier : DIPLOMATIE, BUSINESS ET DICTATURES. L’Afrique prise au piège françafricain
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