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Tchad : quelques repères chronologiques

Publié le 7 novembre 1996

Xe-XIXe siècles

Le Tchad actuel correspondait au Soudan central, où se sont constitués des royaumes (Kanem-Bornou, Ouaddaï et Baguirmi) dont la prospérité était liée au commerce d’esclaves, d’ivoire et de plumes d’autruche, menés par des négociants libyens, soudanais, nigérians,... Guerres fréquentes pour le contrôle des voies transsahariennes.

1090

Un musulman monte sur le trône du Kanem : Dunama, fondateur de la dynastie des Banu Sayf. Le Baguirmi et le Ouaddaï seront islamisés beaucoup plus tard (XVIe-XVIIe s.). Longtemps, seuls les souverains et les dignitaires seront musulmans - en conservant des pratiques animistes.

Fin du XIXe siècle

L’aventurier soudanais Rabat se taille un empire au Tchad, sous des prétextes religieux.

1900

Rabat est battu et tué à Kousseri par les forces françaises. Celles-ci fondent, au confluent du Chari et du Logone, le chef-lieu du " Territoire du Chari ", Fort-Lamy (N’Djaména).

1910

Rattachement de ce territoire à l’Afrique Equatoriale Française (AEF, capitale Brazzaville).

1917

Massacre de 24 dignitaires musulmans à Abéché, sur ordre de l’officier français commandant la place, pour étouffer un prétendu complot.

1922

Création de la colonie du Tchad.

Vers 1930

Début de l’imposition de la culture du coton dans le Sud-Ouest tchadien.

1944

De Gaulle convoque la Conférence de Brazzaville, présentée comme une étape sur la voie de l’émancipation politique et du développement économique.

1960

Proclamation de l’Indépendance du Tchad, sous la présidence de François Tombalbaye, leader du Parti Progressiste Tchadien (PPT), immédiatement transformé en parti unique. Le gouvernement engage une politique autoritaire visant à mettre au pas le Nord en rébellion contre les abus de la nouvelle administration. Discrimination contre les cadres musulmans dans la fonction publique.

1966

Création du Front de Libération Nationale (FROLINAT) par les forces d’opposition et du Nord.

La rébellion FROLINAT est momentanément étouffée par l’intervention de soldats français.

27-28 août 1971

Tentative de coup d’Etat d’un ancien député de l’Assemblée Nationale, Ahmed Abdalla. Le président Tombalbaye accuse la Libye d’être impliquée. Rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.

Fin 1972

Reprise des relations diplomatiques entre le Tchad et la Libye.

Avril 1974

Enlèvement de l’archéologue Françoise Claustre par les rebelles du Nord.

18 octobre 1974

Un communiqué de la présidence de la République du Tchad annonce la découverte de pétrole au Kanem par la société américaine Continent Oil Company (Conoco).

13 avril 1975

Le général Félix Malloum est porté au pouvoir par un coup d’Etat au cours duquel le Président Tombalbaye trouve la mort. Rupture des relations diplomatiques avec la France.

Oct.-novembre 1975

Les dernières troupes françaises quittent le Tchad sur la demande du Président Malloum. Seuls 300 conseillers militaires, 350 professeurs et 200 techniciens sont autorisés à rester. La France est accusée par Malloum de livrer des armes à Hissein Habré.

5-11 février 1976

La visite à N’Djaména du Ministre de l’Equipement Robert Galley marque la reprise de bonnes relations entre la France et le Tchad.

5 mars 1976

Le Premier ministre Jacques Chirac se rend au Tchad et souligne que " la France reste fidèle à ses amis ".

6 mars & 19 juin 76

Signature à N’Djaména d’accords de coopération militaire et technique entre la France et le gouvernement du général Malloum.

Juin 1976

Félix Malloum accuse la gauche française, la Libye et l’Algérie d’apporter une aide au FROLINAT.

13 septembre 1976

Faisant état d’un accord conclu à la fin de 1972 avec le Président Tombalbaye, le gouvernement libyen revendique la bande d’Aouzou à l’extrême Nord.

Septembre 1976

Rencontre du Vice-Président du Comité Militaire Suprême tchadien et du Colonel Kadhafi à Tripoli à propos de la Bande d’Aouzou. Promesse d’aide financière de la Libye. Le Tchad rompt ses relations diplomatiques avec Israël. L’Arabie finance la construction d’une Grande Mosquée à N’Djaména.

1977

Intensification du conflit armé avec le FROLINAT, dont les différentes factions se réunifient sous la direction de Goukouni Wedeye.

30 janvier 1977

Libération de Françoise Claustre suite à des négociations secrètes. La France remercie officiellement la Libye pour son rôle dans cette libération.

31 mars-1er avril 1977

Tentative de coup d’Etat contre Félix Malloum. Les mutins invoquent la discrimination contre les musulmans dans l’armée tchadienne.

Août 1977

Le gouvernement tchadien perd le contrôle du Nord du pays et lance un appel aux Etats-Unis.

Septembre 1977

Le gouvernement de Jimmy Carter propose une aide militaire au Tchad.

17 février 1978

Prise de Faya-Largeau par les forces du FROLINAT.

Février 1978

Signature d’un accord séparé entre Hissein Habré, chef des FAN (Forces armées du Nord) et Félix Malloum, qui le nomme Premier ministre.

7 février 1978

Proclamation d’une amnistie et libération de prisonniers politiques.

Fin février 1978

Réunion des chefs d’Etat libyen, nigérien et tchadien, et du vice-Président soudanais dans l’oasis libyenne de Sebha, à propos du conflit tchadien. Accord de Sebha : proclamation d’un cessez-le-feu, expulsion du personnel étranger soutenant les parties en présence.

27 mars 1978

Proclamation d’un cessez le feu conformément à l’Accord de Sebha. Le gouvernement tchadien refusant d’expulser les troupes françaises qui le soutiennent, ce cessez-le-feu sera de courte durée.

Avril 1978

Progression des troupes du FROLINAT vers N’Djaména. Renforcement des contingents français soutenant le pouvoir central.

Janvier 1979

Rupture entre Félix Malloum et Hissein Habré, qui quitte le gouvernement.

Février-mars 1979

Violents combats dans tout le pays. Lutte pour le pouvoir entre les troupes du FROLINAT de Goukouni Wedeye et les FAN de Hissein Habré.

Août 1979

Lors d’une rencontre organisée par le gouvernement nigérian, signature d’un accord à Lagos entre Wedeye, Habré et d’autres leaders d’opposition. Un gouvernement provisoire (le GUNT) est formé sous le présidence de G. Wedeye. H. Habré assume les fonctions de Ministre de la défense. W.A. Kamougue, chef politique reconnu de la population du Sud, devient vice-Président. Cet accord stipule que chaque faction doit libérer ses prisonniers et retirer ses troupes de la capitale.

Mars 1980

Reprise des combats due au refus d’une partie du FROLINAT de libérer les prisonniers faits à Faya-Largeau et de retirer ses troupes de la capitale. Le GUNT est divisé. Habré reproche à Wedeye de s’appuyer sur la Libye qui occupe la Bande d’Aouzou. Accrochages entre les FAN et les Forces Armées Populaires (FAP), qui soutiennent le Président Wedeye. Les FAN doivent quitter N’Djaména.

Décembre 1980

La paix civile revient après la victoire des forces coalisées du GUNT sur les FAN. Les forces libyennes se retirent du pays à la demande du gouvernement tchadien. Les FAN réfugiées au Soudan reçoivent le soutien des Etats-Unis.

Fin avril 1981

Les combats entre le FROLINAT et les FAN ont fait plus d’un millier de morts.

Juin 1982

Intervention d’une force africaine d’interposition (Nigéria, Zaïre et Sénégal), accompagnée d’une aide française, qui laisse renverser Goukouni Wedeye.

19 juin 1982

Investiture de Hissein Habré. Sa légitimité est confortée au Sommet franco-africain de Kinshasa.

9 juin 1983

Les participants au 19e sommet de l’OUA consacrent le régime de Hissein Habré.

24 juin 1983

Goukouni Wedeye (chef du GUNT) prend Faya-Largeau avec l’aide des Libyens.

3 juillet 1983

Reprise de Faya-Largeau par les FAN avec le soutien de la France et du Zaïre (envoi de soldats, de matériel et de munitions). Ces deux pays répondent à l’appel de Hissein Habré - contre les recommandations de l’OUA, opposée à toute intervention de puissances étrangères.

10 août 1983

Reprise de Faya-Largeau par les troupes de Wedeye avec le soutien de la Libye.

Débarquement de contingents français dans le cadre de l’opération " Manta " (3 000 hommes, avions d’appui tactique et gros porteurs, blindés légers, missiles... ).

26 août 1983

François Mitterrand explique que les missions du contingent français au Tchad sont de concourir à une paix définitive en arrêtant la guerre, en préservant l’intégrité territoriale et l’indépendance du pays, en suscitant une solution négociée permettant de parvenir à l’organisation d’élections libres.

Septembre 1984

" Septembre noir " : massacres commis par les forces gouvernementales dans la région Sud-est du Tchad.

1985

Le conseiller militaire de Hissein Habré, Idriss Déby, fait un stage à l’Ecole militaire de Paris où il noue des liens avec des militaires français.

Mars-avril 1985

H. Habré fait une tournée dans les provinces du Sud.

Juillet 1985

Signature d’accords militaires avec le Zaïre.

Décembre 1986

Les Etats-Unis réaffirment leur soutien à H. Habré.

Déc. 86-Janv. 87

Censure de la presse.

Mars-Avril 1987

Reconquête du BET (Borkou-Ennedi-Tibesti). Défaite des Libyens.

2 novembre 1987

Le FMI accorde un prêt de 19 millions de dollars au Tchad.

Fin 1987

Habré accuse le Soudan de soutenir les forces anti-gouvernementales dans les régions proches de la frontière soudanaise.

Mai 1988

La Libye reconnaît le gouvernement de Hissein Habré.

16 janvier 1989

La France annonce qu’elle retire une partie de ses troupes et sa station-radar de Moussoro.

12 avril 1989

Echec d’une tentative de coup d’Etat fomenté par Idriss Déby. Ce dernier se réfugie au Soudan, où il rencontre Paul Fontbonne, agent de la DGSE à Khartoum.

21 octobre 1989

Visite privée de Hissein Habré en Europe. Rencontre avec François Mitterrand.

10 décembre 1989

Référendum. Hissein Habré est réélu avec 99,96 % des suffrages.

Juin 1990

Sommet franco-africain de la Baule. Hissein Habré se montre très hostile au multipartisme et à la démocratisation recommandés par François Mitterrand.

1er décembre 1990

Idriss Déby prend le pouvoir avec l’aide de la France, qui maintient son dispositif militaire. Accompagné de l’officier de la DGSE Paul Fontbonne, il conquiert N’Djaména sans guère rencontrer de résistance.

Hissein Habré s’enfuit avec les liquidités publiques.

La Commisson d’enquête sur ses crimes et exactions, présidée par le magistrat Mahamat Hassan Abakar, dénombrera 40 000 personnes tuées ou disparues de 1982 à 1990.

Février 1991

Idriss Déby est reçu officiellement à Paris.

28 février 1991

Promulgation de la Charte Nationale qui accorde tous les pouvoirs au Président Idriss Déby et remet à 30 mois l’instauration du multipartisme.

Mars 1991

Investi Président Idriss Déby promet la tenue d’une Conférence nationale ayant pour tâche principale l’élaboration d’une nouvelle Constitution.

19 avril 1991

Promulgation d’une ordonnance légalisant le multipartisme.

Mai 1991

Goukouni Wedeye rentre d’exil.

21 décembre 1991

Nomination de la Commission Nationale de 80 membres chargée de la préparation de la Conférence Nationale Souveraine (CNS).

1992

Les leaders d’opposition politique et syndicaliste expriment le souhait de voir l’armée française assurer la sécurité de la CNS. La France accorde un don de 220 millions de FF en plus de sa coopération militaire. Elle obtient qu’Elf-Aquitaine puisse participer au consortium pétrolier, à direction américaine, appelé à exploiter le pétrole du Sud tchadien.

Février 1992

Assassinat du Président de la Ligue tchadienne des Droits de l’Homme.

Mai 1992

La Banque mondiale et le FMI obtiennent du gouvernement tchadien la mise en place d’un plan d’assainissement de l’économie, qui provoque des mouvements sociaux.

Juin 1992

Christian Quesnot, chef d’état-major particulier du Président Mitterrand, met 6 conditions au maintien de la présence militaire française (le plan Epervier) : forte réduction des effectifs de l’armée, tenue de la Conférence nationale, puis formation d’un gouvernement de transition, libération des prisonniers politiques, respect des droits de l’homme, reprise en main de l’administration financière de l’Etat. Seul le second point sera convenablement appliqué.

Mi-décembre 1992

Le président Déby signe avec la France une convention instaurant un " dispositif d’appui renforcé aux finances tchadiennes " (impôts, finances, trésor, douanes), incluant le déploiement de coopérants français dotés des mêmes pouvoirs que les hauts fonctionnaires tchadiens. Faute de pouvoir empêcher les malversations, ces coopérants devront être retirés.

Janvier 1993

Le gouvernement annule ou allège une grande partie des mesures du plan d’assainissement.

Dans la région du Lac et dans le Sud, exactions des forces armées : 246 personnes tuées, 22 villages brûlés et pillés dans le Logone oriental.

15 janvier 1993

Ouverture de la Conférence nationale souveraine (CNS).

Avril 1993

Nouvelles offensives de l’armée dans la région du Lac et dans le Sud.

11 janvier 1994

Dévaluation de 50% du franc CFA à Dakar.

3 février 1994

Un arrêt de la Cour de la Haye attribue définitivement au Tchad la Bande d’Aouzou.

3 avril 1994

Prolongation d’un an de la période de transition engagée à l’issue de la CNS.

Eté 1994

La DST rassemble à Paris, pour une " réunion de travail ", un certain nombre d’opposants au régime.

Septembre 1994

" Expédition punitive " de la Garde républicaine dans le Logone, au Sud : tueries, pillages, tortures.

Fin 94-Début 95

Le consortium pétrolier renonce provisoirement à mettre en exploitation les gisements du Sud.

Préparation des élections présidentielles. Adoption d’un Code électoral qui autorise le vote des " Tchadiens de l’étranger " (on parle de près de 5 millions). Les élections seraient supervisées par une " Commission nationale " dépendant du ministère de l’Intérieur.


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