François Lille, Raphaël Baumler, Editions Charles Léopold Mayer, Paris, septembre 2005, 16 €, 413 pages.
Présentation du livre :
La marine marchande mondiale, première industrie historiquement internationalisée, dérive dangereusement. Mais il ne suffit pas de crier « plus jamais ça ! », de ramasser les galettes de fuel et les oiseaux morts, et de porter secours aux marins en détresse, en péril sur leur navire ou abandonnés dans n’importe quel port. Il ne suffit pas de crier au voleur, aux voyous des mers, d’appeler la police... Il faut comprendre que c’est tout un système socioprofessionnel de haute valeur, que ce livre s’applique d’abord à décrire, qui est en train de se dégrader, se démoraliser, se destructurer. Son exemple est précurseur de l’évolution d’autres systèmes de travail, confrontés dans l’espace international à la dérégulation sauvage et déséquilibrée qu’on nous présente comme la panacée, le grand remède aux maux de notre temps.
Pour chercher les solutions, les auteurs s’appuient sur l’idée toute neuve et très ancienne des biens communs et publics, portée maintenant à l’échelle planétaire. La marine marchande traite l’essentiel des échanges matériels mondiaux, sur l’espace commun des mers et océans. C’est dire qu’elle offre aux peuples un véritable service public mondial, et les nécessaires conditions de son renouveau s’en déduisent. Utopie ? Certes non. Les principales bases d’un tel projet existent en droit international, droit maritime et droit du travail, dans les coutumes maritimes encore vivaces, et dans l’expérience des travailleurs de la mer et de la terre. Mais, malgré l’existence de bases institutionnelles internationales développées, les lobbies de la complaisance maritime règnent en maîtres sur l’activité, et l’ensemble tourne à l’envers. Serait-il si compliqué de tout remettre à l’endroit ?
Les marins de tous pays ne sont pas des êtres à part. Leur expérience nous serait précieuse si nous voulions bien les reconnaître pour ce qu’ils sont : les premiers travailleurs-citoyens du monde. Sur ces grands navires, qui ont leur place parmi les merveilles de la technologie moderne, ils sont des techniciens de haut niveau, riches aussi d’une expérience humaine unique en son genre. Ballottés aux avant-postes de la mondialisation libérale et du progrès technologique, nombre d’entre eux voudraient rêver d’être à l’avant-garde d’une autre mondialisation, celle des droits humains et du respect écologique. C’est la dignité qu’ils revendiquent, le métier-vie qu’ils pratiquent, le regard et l’écoute que nous leur devons. Ce livre, écrit par deux d’entre eux - un d’hier, un d’aujourd’hui - est là pour en porter témoignage.
Les auteurs :
Raphaël Baumler, officier Marine Marchande en activité, navigue actuellement sur les lignes conteneurisées d’Asie et du Pacifique Nord. Il prépare simultanément une thèse sur l’approche globale et sociologique de la gestion des risques. Il participe également à divers travaux de recherche.
François Lille, ancien Marine Marchande, économiste CNAM, est membre de BPEM et du Conseil scientifique d’ATTAC. Il a publié notamment Pourquoi l’Érika a coulé - Les paradis de complaisance en 2000 aux éditions l’Esprit Frappeur, et On peut changer le monde - A la recherche des biens publics mondiaux avec François-Xavier Verschave aux éditions La Découverte en 2003.
Ils ont parlé du livre :
Presse écrite :
– Altermondes n°3, revue de solidarité internationale
– Le Monde Diplomatique de novembre 2005, "De l’Erika aux grèves SNCM - Naufrage industriel pour la marine marchande" de François Ruffin
– Le journal de la marine marchande, 21 octobre 2005, "Transport maritime, danger public et bien mondial... tout un programme", de Michel Neumeister
– Ouest France du 5-6 novembre 2005, "Un livre pointe du doigt les dérives" de Hérvé Babonneau
– Alternatives économiques de décembre 2005, par Christian Chavagneux
– Equité n°11 revue de la Fédération Artisans du Monde
Radio :
– France Inter dans l’émission Là-bas si j’y suis, présentée par Daniel Mermet. Il est possible de (ré-)écouter les deux émissions intitulées "Bolkestein des mers" des 19 et 20 septembre 2005, en consultant les archives de Là-bas si j’y suis
– Radio France International (RFI) au micro de Karim Lebhour le 26 octobre 2005
Sommaire :
Introduction
Partie 1
Navires et marins
– Le navire et son équipage
– Le marin à bord
– D’où viennent ces marins ?
Des moyens considérables
– Mutations
– Trafics et flottes
– À qui sont ces navires ?
Le système de transport maritime
– Des racines profondes
– Le cœur du métier
– Le système de travail mondial
Les marchés du transport maritime
– Un schéma simple
– Une structure complexe
– Les marchés observables
La sécurité maritime
– Une longue histoire...
– Le navire, générateur de « risque technologique majeur »
– Régulations
Mondialisation juridique
– Les bases du droit maritime international
– Les institutions internationales légitimes
– L’articulation des pouvoirs
Partie 2
Histoires extraordinaires
– Aurons-nous des galettes à Noël ?
– Des pratiques étonnantes
– Autres histoires vécues
Aux paradis de la complaisance
– Une histoire contemporaine
– Le modèle paradisiaque
– Vu d’Europe
– Tous les bateaux du monde...
Les marchés dans la tourmente
– Les marchés en folie
– Du comment au pourquoi
– Sécurité à vendre
– Au marché des pavillons
Le marché mondial du travail
– Une mécanique implacable
– Quelques illustrations, et points de repère factuels
– Revue d’ensemble
– le « RIF », ou quand la force dicte la loi
Dérive maritime, ou débâcle sociétale ?
– Un drôle de casino
– Le grand marché maritime
– Les marchés sécuritaires
– Marins à vendre : les autres suivront...
– Crise de l’État, ou de la société mondiale ?
Partie 3
Résistances et perspectives, ou l’histoire au présent
– Le RIF, contre vents et marées...
– Marins de tous pays...
– Britanny Ferries, une autre histoire...
– La société civile s’en mêle !
– L’avancée des conventions internationales
– Convergences et incohérences
Biens communs, biens publics, les chemins de l’avenir
– Biens communs et publics, un même combat
– La mer entre biens communs, publics et privés
– La sécurité maritime est un bien public mondial
– la justice sociale est un bien public mondial
– le transport maritime est un bien public mondial
Un service public mondial !
– Les choix sociétaux
– Les bases juridiques
– Les bases institutionnelles
Réprimer sans complaisance
– Les principes et stades de l’action
– Réprimer quoi ?
– Réprimer comment ?
– Dissuader, réprimer, qui ?
– Réprimer par qui ?
– Les leurres de l’anti-dumping et les instances illégitimes
La gravité de la situation
– Complaisance générale
– Régression sociale
– Risque écologique
– Démission politique
De la résistance à la reconstruction
– Au service du bien commun
– Les bases du renouveau
– Éradiquer la complaisance
Un chantier pilote d’une autre mondialisation
Bibliographie
Annexes statistiques