Survie

Danger public mondial à Flamanville ?

Publié le 17 mars 2007 - François Lille, Sharon Courtoux

Est-ce la seule perspective d’une centrale de plus, dans le pays déjà le plus "nucléarisé" du monde, qui a réuni des dizaines de milliers de manifestants le 17 Mars d’un bout à l’autre du pays ? Est-ce la nécessaire solidarité avec les habitants d’un voisinage déjà lourdement chargé en ce domaine ? Est-ce seulement encore la très légitime exigence d’un débat public démocratique sur les choix énergétiques nationaux ? Tout ceci sans doute, et plus encore.

Bien au-delà de ces questions déjà essentielles, nous devons prendre la pleine mesure du rêve fou des apprentis-sorciers du lobby nucléaire, qui est de profiter de la prise de conscience générale du péril climatique pour une relance mondiale de leur dangereuse activité. Déjà, dans la foulée d’un espoir de vente de quelques EPR à la Chine, "on" rêve de prendre de vitesse nos redoutables concurrents états-uniens, de rejouer le coup d’Airbus contre Boeing... Et l’on peut comprendre (ou craindre) que non seulement les économistes et les financiers, mais aussi les nombreux travailleurs d’une branche de très haute technologie soient tentés par l’aventure ! D’où un débat parfois difficile.

"On" se vante moins, actualité oblige, du rôle de la France dans l’équipement nucléaire de l’Iran. Et de tant d’autres pays dont certains ont déjà depuis longtemps atteint le stade de l’arme atomique, ou en sont proches. Relisons ce passé, dans lequel l’inconscience n’a qu’une faible part, sauf pour les citoyens tenus dans la parfaite ignorance de ces combinaisons meurtrières. Pour ceux qui n’ont pas pu suivre l’histoire en temps réel (et comment l’auraient-ils fait tant les choses étaient secrètes) un livre de Dominique Lorentz, publié aux Arènes en 2001, "Affaires atomiques" en reconstitue l’époustouflante chronique. Il garde toute son actualité, et n’a jamais été démenti, mais aussi étouffé que faire se peut (1).

Certes ce n’est pas tout, mais les autres risques, catastrophiques ou cumulatifs (déchets) sont mieux, quoique pas encore assez, connus des populations. Nous tenions à rappeler celui-ci, pour lequel la loi du silence paraît particulièrement tenace. La France porte une lourde responsabilité en la matière, demain comme jadis.

A qui encore, dans ce monde miné par les guerres de toutes natures, vendrons-nous un jour les chemins de l’arme ultîme ?

Ou "seulement" les prochains Tchernobyls ?

François Lille

(1) Voir le dernier livre de l’auteure, "Des sujets interdits", qui vient de paraître, aux Arènes encore.

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