Survie

Hold-up sur le médicament

Publié le 7 juillet 2003 - Victor Sègre

Extraits tirés du Monde diplomatique, France, juillet 2003.

Par German VELASQUEZ

Le problème du coût des médicaments, d’une acuité urgente pour les pays en voie de développement, risque d’affecter toute la planète au cours des dix à vingt prochaines années. Même les pays industrialisés, où les populations, habituées depuis presque cinquante ans à accèder systématiquement et gratuitement aux médicaments nécessaires, pourraient voir ce droit se réduire comme peau de chagrin. (...)

Depuis la naissance, en 1995, de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le prix des médicaments est de plus en plus soumis aux contraintes de l’Adpic [aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce] (...)

L’argument est le suivant : la recherche coûte cher, mais elle sera financée par les brevets [d’une durée minimum de vingt ans] qui, en assurant un monopole aux firmes pharmaceutiques, leur permet de maintenir des prix élevés.

Or ces prix empêchent la plupart des personnes qui en ont besoin de se procurer ces nouveaux produits ! S’il faut préserver la recherche et le développement de nouveaux médicaments, il est tout aussi essentiel que ceux-ci puissent sauver des vies dès le moment de leur découverte, et pas vingt ans après... (...)

En grande partie entre les mains du secteur privé, la recherche et le développement de nouveaux traitements dépendent du marché potentiel du produit, et non des besoins de santé des populations les plus démunies. Au cours des vingt dernières années, il n’y a donc pour ainsi dire pas eu de recherche sur ces fléaux qui affectent des millions de personnes dans les pays en développement, comme la maladie de Chagas, la leishmaniose, la schistosomiase ou encore la maladie du sommeil... (...)

Accord le plus important des dernières annés pour la réduction des prix des antirétroviraux dans les pays en voie de déeloppement, l’Initiative pour accélérer l’accès (IAA) a permis de faire passer ceux-ci d’un coût annuel par patient de 12 000 dollars en 2000 à ... 420 dollars en 2003. Lancée en mai 2000 par Onusida, en partenariat avec plusieurs agence des Nations Unies et cinq entreprises pharmaceutiques (...), cette montagne a accouché d’une souris : en trois ans (...) le nombre de patients qui reçoivent des antirétroviraux (...) [est de] 27 000 personnes en Afrique, alors que le continent compte 30 millions de séropositifs ! (...)

Comment (...) imaginer que le coût des médicaments puisse conserver durablement une croissance exponentielle excédant largement celle du reste de l’économie ? (...)

Un habitant de la planète sur trois n’a pas régulièrement accès aux médicaments, et les trois quarts vivent dans les pays en voie de développement dans lesquels ne sont consommées que 8 % des ventes mondiales des produits pharmaceutiques. Pourtant, la capacité technique et financière pour fabriquer ces médicaments existe.(...)

Pendant deux ans, le processus de Doha a opposé la santé au commerce ; il s’agissait de déterminer lequel venait en premier, et quelles exceptions sanitaires il fallait concéder. (...) La promotion du droit à la santé implique que soient garantis le droit à bénéficier des avancées technologiques et la reconnaissance de la valeur suprême de la dignité humaine, principes proclamés dans de nombreux traités internationaux et acceptés par l’immense majorité des Etats. Les règles du commerce, comme celles de l’économie en général, doivent contribuer au bien-être de la société. (...)

© Monde diplomatique

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