Survie

La Terre ne pourra bientôt plus nous suffire

Publié le 5 décembre 2002 - Odile Tobner

Le Figaro, France, 5 décembre 2002.

Il y a des constats qui font froid dans le dos. Selon le Rapport Planète Vivante 2002 du WWF (World Wide Fund For Nature), la Terre ne pourra bientôt plus nous suffire. En effet, notre empreinte biologique, qui évalue la surface productive nécessaire à une population pour répondre à sa consommation de ressources et à ses besoins d’absorption de déchets, dépasse déjà amplement les capacités de la Terre pour certains pays. On utilise déjà 20% de plus que ce que la Terre peut nous donner. En effet, le globe possède près de 11,4 milliards d’hectares de terres productives et d’espaces marins. Divisé par l’ensemble de la population globale mondiale, cela équivaut à 1,9 hectare par personne. Or, en 1999, l’empreinte de l’Européen occidental atteignait 5 hectares, et celle d’un Nord-Américain 9,6 hectares. Le consommateur africain ou asiatique se contentait lui de 1,4 hectare. En collaboration avec le ministère de l’Écologie et du Développement durable, le WWF-France a estimé que l’empreinte écologique de la France a augmenté de 47% en moins de quarante ans, tandis que sa population ne croissait que de 27%. Ainsi, l’empreinte écologique de l’Hexagone se montait en 1999 à 309,8 millions d’hectares tandis que sa capacité biologique n’était que de 169,5 millions d’hectares.

En d’autres termes, si tout le monde vivait comme un Français, il nous faudrait plus de deux planètes et si l’on consommait comme un Américain, près de 5 planètes. Toujours selon les calculs du WWF, la situation ne risque pas de s’arranger. La fondation explique ainsi que « les projections futures basées sur des scénarios plausibles de croissance de la population, de développement économique et de progrès technologiques montrent que l’empreinte écologique de l’humanité est susceptible d’atteindre les 180% à 220% de la capacité biologique de la Terre d’ici 2050 ». Que faire donc ?

Le WWF avance quatre pistes : d’abord, améliorer les systèmes de production. Ensuite, changer les modes de consommation. Il faut également maîtriser la démographie puisque la population mondiale, qui a doublé entre 1960 et 2000, augmentera encore de 50% pour atteindre 9 milliards d’individus en 2050. Enfin, il faudra faire en sorte que tous les « beaux discours » sur la préservation des écosystèmes trouvent rapidement leur prolongement dans les faits.

Feryel Gadhoum

© Le Figaro

a lire aussi