Survie

Les Etats-Unis en Irak : la collusion privé-public

Le point de vue de Jeffrey D. Sachs

Publié le 12 mai 2003 - Survie

Extraits tirés des Echos, France, 12 mai 2003.

Quelles que soient les motivations derrière la guerre contre l’Irak, le gouvernement Bush semble empressé de garnir les poches de ses copains et de s’arroger un contrôle accru du pétrole et des pipelines au Moyen-Orient. Seuls quelques petits obstacles se mettent en travers de leur chemin : l’ONU et le peuple irakien.

(...)

Le vice-président Richard Cheney [a présidé] Halliburton, la plus grosse entreprise mondiale de services pétroliers. Halliburton est aujourd’hui à la tête des projets de reconstruction irakienne pour laquelle les contrats sont distribués sans aucune transparence ni concurrence quelques qu’elles soient. Mais ce qui se produit ici est pire qu’une culpabilité d’association avec l’industrie pétrolière. Le gouvernement Bush se moque de tout le monde pour permettre à ses amis d’être bien informés.

Avant de rejoindre le Pentagone, Donald Rumsfeld était aussi un personnage important. Proche de longue date de M. Cheney, M. Rumsfeld se rendit à Bagdad en 1983 et en 1984 sur l’ordre de l’ancien président de la Bechtel Corporation, M. George Shultz, qui était à ce moment-là un peu sorti du monde des affaires pour occuper le poste de ministre des Affaires étrangères américain. La mission secrète de M. Rumsfeld était de gagner le soutien de Saddam pour la construction d’un pipeline de Bechttel devant partir d’Irak pour arriver au golfe d’Aqaba via la Jordanie. La même compagnie, Bechtel, qui équipa l’industrie chimique "à double usage" de Saddam et qui se voit aujourd’hui attribuer un gros contrat de 600 millions de dollars libre de toute concurrence pour la reconstruction des infrastructures irakiennes.

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