Survie

Un appel en faveur de la recherche anti-infectieuse

Publié le 30 septembre 2004 - Survie

Extraits tirés de La Tribune, France, 30 septembre 2004

Sanofi-Aventis ne doit pas se désengager de la recherche anti-infectieuse. C’est le sens de l’appel qu’ont lancé hier à Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy une cinquantaine de personnalités scientifiques, syndicales et politiques.

Les auteurs de cet avertissement dénoncent le recul décidé par Aventis en septembre 2002 vis-à-vis de cette activité, qui a été transférée (via un plan social de 660 suppressions d’emplois) vers la petite société de biotechnologies Novexel, à Romainville (...). Novexel ne comprend que 35 salariés alors que, selon la CGT, 200 personnes travaillaient pour les anti-infectieux chez Aventis.

© La Tribune


Texte de l’appel

Sanofi-Aventis doit maintenir sa recherche thérapeutique pour combattre les maladies infectieuses.

Appel en direction du Gouvernement

De nouveaux agents infectieux apparaissent. Des nouvelles formes de maladies que l’on croyait vaincues reviennent. Les maladies nosocomiales se multiplient. Les cas de tuberculose sont en augmentation significative. Des maladies connues surviennent dans des zones géographiques jusqu’alors indemnes. Les agents infectieux se propagent avec les déplacements de populations, le tourisme, les échanges commerciaux. Le monde est devenu tout petit pour les microbes. Plus personne n’est à l’abri.

Ainsi, 17 millions de personnes meurent chaque année de maladies infectieuses.

Et pourtant, la plupart des grands laboratoires pharmaceutiques abandonnent la recherche sur les antibiotiques de demain.

Aventis a décidé d’abandonner ce domaine de recherche. Les dirigeants du troisième groupe mondial qui vient de naître de la fusion de Sanofi-Synthélabo convoquent un CCE exceptionnel le 31 août pour entériner cette décision.

Nous demandons solennellement au Président de la République Monsieur Chirac et à son ministre Monsieur Sarkozy, qui a appuyé la fusion des groupes Aventis et Sanofi-Synthélabo, d’intervenir à nouveau pour empêcher un tel gâchis scientifique, industriel et social.

Les risques encourus sont graves. Des gens soufrent, des gens meurent. De plus, les USA seraient seuls à développer les futurs médicaments combattant les maladies infectieuses avec des risques majeurs : des prix deux fois plus élevés qu’en France, des jeunes scientifiques contraints de s’expatrier, une indépendance sanitaire menacée.

Les besoins en Europe et sur la planète sont tels que toutes les potentialités et coopérations doivent être réquisitionnées. Ce groupe pharmaceutique européen, troisième mondial, a la responsabilité de tout mettre en œuvre pour répondre aux besoins de santé de l’ensemble des peuples de la planète.

Dans Sanofi-Aventis, des chercheurs, des équipes, des structures de pointe ont permis la découverte de nombreux antibiotiques (Claforan, Rulid, Pyostacine, Synercid,...) et aujourd’hui le Ketek issu du centre de recherche de Romainville.

Le premier acte de ce nouveau Groupe doit être un acte positif, un acte responsable d’une Société qui fait fasse à cet enjeu de société.


Suites de l’Appel :

Saint-Ouen le 19 Janvier 2005

Cher-e ami-e

Ce courrier est pour vous donner des informations sur les suites d’un appel de personnalités scientifiques, syndicales, politiques, responsables d’associations, auquel vous avez contribué, pour obtenir le maintien d’une recherche dans le domaine des anti-infectieux par le groupe Sanofi/Aventis qui envisageait de se désengager de ce secteur de recherches.

Cet appel a été adressé au Président de la République qui a répondu, indiquant qu’il transmettait le dossier au Ministre de la santé.

Depuis cette réponse des éléments nouveaux sont à prendre en compte :

JF Dehecq l’actuel PDG du groupe Sanofi/Aventis, lors de l’assemblée des actionnaires du groupe, le 23 décembre 2004, a tenu les propos suivants :

« Nous repartirons certainement dans le domaine de l’infectiologie... il faudra trouver des voies nouvelles... une part importante de la population mondiale vit grâce aux antibiotiques. Il faut réhabiliter la recherche dans ce domaine. Je pense être un des rares dans cette profession à tenir ce discours.  »

Comme vous pouvez le constater, la bataille engagée par les salarié-es d’Aventis/Sanofi de Romainville, peut trouver un débouché dans l’intérêt des Hommes de la planète.

(...)

Les dramatiques évènements du 26 décembre 2004 en Asie, viennent de rappeler douloureusement les besoins en antibiotiques et autres médicaments. Pour votre information le Ministre de la Santé est allé en Asie accompagné du PDG JF Dehecq qui a apporté 70 000 boites d’antibiotiques ; ce n’est certes pas rien mais loin du niveau des besoins.

Par ailleurs un des principaux responsables syndical de l’entreprise, Thierry Bodin, est menacé dans son emploi pour son engagement pour le maintien de la recherche. Vous pouvez manifester votre soutien à : thierry.bodin@aventis.com et sur le site du projet des salarié-es : www.nereis-sante.com.

Cordialement et à très bientôt.

MARCHILLE Jean, militant, coordinateur de l’appel

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