Survie

Un métier encore loin du « travail décent »

L’OIT veut normaliser protection sociale, conditions de vie, alimentation, logement...

Publié le 25 novembre 2004 - Survie

Libération, France, 25 novembre 2004.

A chacun ses préoccupations. Au moment où les armateurs français tentent de mettre plus de souplesse dans le recrutement de leurs équipages afin de baisser les coûts de main-d’oeuvre (lire ci-dessus), l’Organisation internationale du travail (OIT) poursuit un chantier titanesque : normaliser le statut social des marins du monde, afin de mettre fin aux plus criantes inégalités qui ravagent un secteur ravagé par le dumping social. L’organisation, qui travaille depuis plus de trois ans sur la question, vise la création en 2006 d’une « superconvention consolidée », qui opérerait la synthèse des quelque... 68 conventions et recommandations existantes sur le sujet (dont bon nombre ne sont jamais entrées en vigueur, faute de ratification par un nombre suffisant d’Etats).

Conformément au concept de « travail décent » qu’a adopté l’OIT, la convention dépasse largement le seul point de la rémunération. « Il s’agit autant de normaliser la protection sociale que le logement à bord, l’âge minimum des marins et les critères d’aptitude médicale, l’alimentation, les conditions de vie ou les modalités de paiement des salaires, explique Jean-Marc Schindler, qui préside les travaux préparatoires d’une soixantaine d’Etats. Ce sera la première fois qu’un seul texte intégrera ces différentes normes. » L’objectif est d’aboutir à terme à une certification sociale des navires, délivrée par les Etats ou des sociétés d’audit privées. Paradoxalement, l’ambition du projet conduit à modérer les objectifs sur les points les plus disputés. « Concernant la protection sociale, il s’agit parfois de demander aux pays d’offrir aux marins des protections qu’ils n’offrent pas aux gens à terre... Il est évidemment hors de question de spécifier des montants », concède Jean-Marc Schindler. Idem sur les salaires, qui devraient rester à un niveau très bas : à savoir peu ou prou six cents dollars, le prix mensuel d’un marin pour les armateurs les moins généreux.

Par Cédric MATHIOT

© Libération

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