Le 15 septembre 2022 - Ce midi, le Parlement européen a adopté une résolution d’urgence dénonçant les violations des droits humains et les risques majeurs pour l’environnement et le climat causés par les projets Tilenga et EACOP, développés par Total en Ouganda et en Tanzanie. Survie relaie le communiqué des Amis de la Terre qui milite aux côtés de Survie contre ces projets.
Les eurodéputés rappellent ainsi que plus de 100 000 personnes sont en train d’être expropriées sous la contrainte pour faire place à ce méga-projet pétrolier, et sont privées du libre usage de leurs terres, et donc de leurs moyens de subsistance, avant même de recevoir une compensation.
Le texte de la résolution dénonce également la persécution et les intimidations à l’encontre des associations et défenseur.se.s des droits humains qui osent critiquer le projet, plusieurs ayant été arrêtés arbitrairement, motivant pas moins de quatre interpellations de Rapporteurs spéciaux des Nations unies en moins de deux ans.
Enfin, les eurodéputés appellent à « mettre fin aux activités extractives dans des écosystèmes protégés et fragiles, y compris sur les rives du Lac Albert », pointant ainsi du doigt les plus de 132 puits que Total prévoit de forer dans l’aire naturelle protégée des Murchison Falls, et les nombreux écosystèmes protégés que traversera l’oléoduc EACOP, chauffé à plus de 50°C. S’appuyant sur le dernier rapport de l’Agence Internationale de l’Energie, ils rappellent également que plus aucun nouveau projet d’extraction pétrolière ne doit être développé pour espérer limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.
Pour Juliette Renaud, responsable de campagne aux Amis de la Terre France, "nous nous réjouissons de l’adoption de cette résolution par le Parlement européen : il envoie un signal politique fort contre les projets Tilenga et EACOP de Total, dont les coûts humains, environnementaux et climatiques sont indéniables et tout simplement inacceptables. Cette résolution fait écho à la mobilisation croissante de la société civile, en Afrique de l’Est, en France et dans le monde". Elle ajoute : "La condamnation des menaces et persécutions à l’encontre des opposants à ce méga-projet pétrolier est sans équivoque, il faut maintenant agir concrètement pour les protéger. Total ne peut pas continuer à développer ce projet coûte que coûte, en rappelant simplement dans son greenwashing son attachement à la liberté d’expression ou à la biodiversité. Il faut que le projet soit abandonné au plus vite et que des réparations soient apportées aux communautés affectées".
Avec Survie et quatre associations ougandaises, les Amis de la Terre France ont assigné Total en justice en 2019 au vu de la gravité des violations des droits humains et des risques de dommages environnementaux irréversibles causés par les projets pétroliers Tilenga et EACOP. Après une longue bataille de procédure, l’affaire sera enfin examinée sur le fond par le tribunal judiciaire de Paris le 12 octobre prochain.