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Ouganda : arrestation et détention d’un défenseur des droits mobilisé contre les projets de Total

Publié le 26 mai 2021 - Les Amis de la terre, Survie

Maxwell Atuhura, membre d’AFIEGO, une des associations partenaires des Amis de la Terre France et de Survie, ainsi qu’une journaliste italienne, Federica Marsi, ont été arrêtés mardi 25 mai 2021 à Buliisa dans la région pétrolière de l’Ouganda, alors qu’ils s’apprêtaient à rencontrer des membres des communautés locales pour recueillir leurs témoignages sur les impacts du projet pétrolier Tilenga de Total. Alors que la journaliste a été relâchée dans la journée, Maxwell Atuhura a passé la nuit en détention et est toujours détenu.

Vers 15 heures (heure locale), Maxwell Atuhura et Federica Marsi ont été arrêtés par les autorités ougandaises alors qu’ils déjeunaient dans un hôtel à Buliisa. Ils ont été conduits au poste de police sans qu’aucune information sur le motif de leur arrestation ne leur soit donnée. Les deux ont été interrogés et ont reçu des menaces contre leur vie et leur sécurité. La police aurait aussi demandé à Maxwell "pourquoi il travaillait contre Total avec des étrangers ?". Ce matin, mercredi 26 mai, il est encore détenu et serait en train d’être transféré vers une destination inconnue.

Bien que Federica Marsi ait été libérée relativement rapidement, contre l’exigence de quitter la région pétrolière “avant que ça ne tourne mal”, elle a été arrêtée de nouveau quelques heures plus tard à Biso, alors qu’elle cherchait à quitter la zone en taxi. Elle a finalement réussi à quitter la zone pétrolière et est arrivée tard dans la soirée à Kampala.

Depuis plusieurs années, Maxwell Atuhura défend sans relâche les droits des populations affectées par les opérations pétrolières dans la région. Son organisation, AFIEGO, participe activement à l’action en justice contre Total en France, notamment via la collecte de preuves sur le terrain. Comme beaucoup d’autres défenseurs et défenseuses des droits qui dénoncent les problèmes liés au pétrole, Maxwell a reçu des menaces et des intimidations répétées, comme il en avait déjà témoigné dans Libération en 2020. Ces dernières semaines, il a notamment reçu un nombre important d’appels anonymes menaçants, et tant son domicile dans la zone pétrolière, que celui où vit sa famille dans la capitale - à plusieurs centaines de kilomètres - ont été cambriolés, ce qui l’a conduit à déposer une plainte au commissariat de police de Buliisa lundi 24 mai. Federica Marsi, quant à elle, a rédigé de nombreux articles sur les problématiques sociales et environnementales pour des journaux tels qu’Al Jazeera ou The New Humanitarian.

Ces arrestations interviennent en dépit des multiples alertes sur les menaces et le harcèlement croissants dont font l’objet les défenseurs et défenseuses des droits en Ouganda. Quatre Rapporteurs Spéciaux des Nations Unies avaient ainsi interpellé les gouvernements français et ougandais, et l’entreprise Total il y a un an [1]. Ces pressions se multiplient alors que Total et ses partenaires accélèrent la mise en place du projet d’extraction pétrolière et la construction d’un oléoduc géant dans la région.

Les Amis de la Terre France, Survie et leurs partenaires ougandais demandent la libération immédiate de Maxwell Atuhura et des actions concrètes pour faire cesser les attaques répétées contre les défenseurs des droits humains et les journalistes.

[1] Voir notre communiqué : Total Ouganda : des rapporteurs spéciaux de l’ONU interpellent la multinationale et les autorités gouvernementales. Les inquiétudes exprimées par les quatre rapporteurs furent répétées par d’autres rapporteurs des droits dans le contexte d’attaques contre les défenseurs de l’environnement en décembre 2020.

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