Le vent de liberté qui souffle sur les pays d’Afrique du Nord est source d’espoir pour des populations qui entendent se débarrasser de leurs régimes autoritaires. En Afrique subsaharienne, ces aspirations sont d’autant plus fortes que de nombreuses dictatures y perdurent avec le soutien de la France.
Au nom de la fumeuse théorie dite « de la stabilité », que la révolution pacifique tunisienne vient d’invalider définitivement, la diplomatie française s’entête depuis des décennies à soutenir des régimes honnis de leur population et prédateurs des ressources de leur pays. Ce soutien est multiforme : validation de coups d’Etat ou d’élections truquées, soutien diplomatique, militaire ou policier, aide publique complaisante, etc.
Pas plus qu’elle n’a vu venir la révolution tunisienne la diplomatie française ne semble prête à entendre les aspirations des peuples qui, un peu partout en Afrique, réclament leur liberté.
Les déclarations de la ministre des Affaires étrangères en faveur d’une aide française au maintien de l’ordre en Tunisie et le scandale soulevé par ses liens avec des dignitaires du régime de Ben Ali, ne sont qu’une illustration parmi des dizaines d’autres de la permissivité et de la complicité des autorités françaises à l’égard des dictatures en Afrique. L’arbre qui cache la forêt, sans doute, car c’est bien dans l’indifférence générale que l’ambassadeur de France au Congo-Brazzaville vient de décorer de la Légion d’honneur, au nom de Nicolas Sarkozy, le bras droit du dictateur Denis Sassou Nguesso , tandis qu’au Gabon, le matériel de maintien de l’ordre fourni par la France sert à réprimer les militants et les étudiants contestant le régime Bongo.
Où se trouve aujourd’hui la « nouvelle Tunisie » que la France ne voit pas ? Où est le « prochain Ben Ali » que la France continuera de soutenir jusqu’au bout ?
Cette question a été récurrente dans les débats du Forum Social mondial de Dakar où des dizaines d’intervenants africains ont pu livrer leurs témoignages sur le soutien français apporté à leur régime. Jamais la banderole « Arrêtons le soutien aux dictateurs, soutenons les peuples africains » que Survie déplace à chaque événement depuis une décennie n’aura été aussi pertinente et n’aura suscité autant d’enthousiasme qu’à Dakar, durant ces quelques jours où le vent de révolte venu de Tunisie et d’Egypte a libéré la parole et entretenu l’espoir.
Au Maghreb comme dans le reste de l’Afrique et du monde, il faut en finir avec les dictatures soutenues par la France.
Contact presse : Stéphanie Dubois de Prisque – Chargée de communication - stephanie.duboisdeprisque(a)survie.org 01 44 61 03 25