La dictature à l’honneur du Xème Sommet de la Françafrique
Quelques mois après la célébration du 60ème anniversaire du débarquement de Provence en présence de plusieurs dictateurs africains, c’est à nouveau entouré d’une belle brochette de despotes que Jacques Chirac s’apprête à inaugurer le Xème Sommet de la Francophonie, le 26 novembre prochain à Ouagadougou. A l’image des Sommets franco-africains, parfois qualifiés à juste titre d’ « Expositions néocoloniales » ce grand rendez vous de chefs d’Etat n’est qu’un prétexte de plus pour afficher une « photo de famille » rassurante et mettre en scène, sourires forcés à l’appui, l’intemporalité des liens politiques (plus encore que linguistiques et culturels) unissant la France et ses anciennes colonies.
Parmi ces dernières, il est à parier que celles d’Afrique seront les mieux représentées par un casting impressionnant de chefs d’Etat se bousculant aux côtés du « Prince » Jacques Chirac et de son maître de cérémonie Blaise Compaoré pour redorer un blason démocratique terni par des décennies de déni des doits de l’homme. Car outre la langue française, s’il est bien un dénominateur commun entre la plupart de ces chefs d’Etat africains, à quelques (notables) exceptions près c’est bien la pratique autoritaire du pouvoir qui les caractérise. A croire que la Nation qui forgea le concept de Liberté Egalité Fraternité n’aurait laissé que Despotisme, Patrimonialisme et Cupidité en héritage à ses anciens « protégés ». Mais pour pouvoir parler d’héritage, encore faudrait-il qu’il y ait eu quelque part rupture du schéma colonial. Or, depuis 40 ans la France n’a cessé de confisquer l’indépendance de ses anciennes colonies en y maintenant un système d’exploitation clientéliste, soutenant politiquement, économiquement et militairement des régimes « aux ordres ».
La présence d’un aussi grand nombre de dictateurs dans le contingent des chefs d’Etat francophone n’est donc pas le fruit du hasard et encore moins celui de déterminismes « culturels ». Depuis les années soixante, c’est en toute connaissance de cause que la France a choisi d’ utiliser son influence linguistique comme un instrument de domination lui permettant de pérenniser son influence économique et politique, plutôt que de s’en servir comme un patrimoine commun favorisant un rapprochement des peuples et une harmonisation par le haut de leurs normes sociales et politiques. Le thème à l’affiche de ce Xème Sommet « La francophonie espace solidaire pour un développement durable », ne distraira donc que les dupes tant il paraît incongru d’envisager un quelconque développement durable dans des pays où les droits individuels sont ainsi bafoués et les biens publics spoliés.
Considérant que la condition préalable au développement harmonieux des pays africains ne peut être que l’avènement de la démocratie et son pendant logique, la fin du soutien français à des régimes dictatoriaux, l’association Survie a lancé en mai dernier une campagne visant à disqualifier certaines pratiques honteuses de la diplomatie française (complicités dans la mise en place de dictateurs, validation d’élections truquées, etc.). Cette campagne, intitulée « des dictateurs amis de la France », cherche à initier des espaces de réflexion et de mobilisation autour de la défense des droits politiques en Afrique francophone. Elle connaîtra logiquement son temps fort du 15 au 30 novembre prochains, en marge du Sommet de la Francophonie, à l’occasion d’un cycle de rencontres et débats associant des organisations démocratiques et des personnalités africaines ayant à cœur d’interpeller le Chef de l’Etat français sur les amitiés plus que douteuses entretenues par la France avec des despotes bourreaux de leur peuple.
Dans le cadre de la campagne de Survie « Les dictateurs amis de la France !? »
– Lannion, le dimanche 7 novembre A 16h Projection-débat sur la Françalgérie avec Lounis Aggoun (co-auteur de « La Françalgérie ». Salle Savidan
– Lannion, le lundi 8 novembre 13h Rencontre autour de l’ouvrage « la Françalgérie » avec les premières années de l’IUT Info Com de Lannion. En présence de Lounis Aggoun
– Rennes, le mardi 9 novembre Conférence sur la Françalgérie avec Lounis Aggoun à l’IEP (16h)
– Nanterre le 15 lundi novembre Conférence à la fac avec François-Xavier Verschave et Didier Ouedraogo (Président du MBDHP). « Françafrique : dictatures et resistances » Amphi E3
– Lyon, le lundi 15 novembre « Quel développement sous une dictature ? » Survie Rhône avec Pierre Caminade, Sayouba Traoré, Benjamin Moutsila
– Bègles, le 17 novembre, dans le cadre de la semaine « Mondialisation et Nouvelles Solidarités » débat sur les résistances politiques dans les pays du Sud », au Théâtre de la Source.
– Saint Denis le jeudi 18 novembre Conférence à la fac avec François-Xavier Verschave
– Valence, le 18 novembre Conférence de François-Xavier Verschave « Francophonie, Françafrique et résistances africaines »
– Besançon le 19 novembre Représentation de « Elf, la Pompe Afrique » avec Survie Franche Comté
– Paris le 19/20 novembre Journées des résistances africaines au FIAP (voir détail plus bas)
– Bègles, le 20 novembre « Journée « Francophonie et droits de l’Homme : le cas du Burkina Faso » organisée par le MBDHP
– Bayonne, le 22 novembre Projection-débat à l’Atalante « Francophonie et droits de l’Homme : le cas du Burkina Faso » avec Comi Toulabor et Didier Ouedraogo.
– Bressuire, le 24 novembre Conférence « Criminalité financière et politique au Congo Brazzaville »
– Paris le 25 novembre Rassemblement unitaire contre le soutien de la France aux dictateurs
– Paris, le 27 novembre à l’Assemblée Nationale Journée sur la dictature au Togo organisée par la LDH, avec le soutien de Survie et de la FIDH (reporté)
– Grenoble, le 27 novembre à l’IFTS « Vous avez dit francophonie ? » Contre sommet de la Francophonie organisé par le COFANZO Grenoble, Survie Isère, CADTM... A l’Institut de Formation des Travailleurs Sociaux
3 débats :
La Francophonie : rupture ou survivance des liens coloniaux ? Avec Alain Lavy (Cofanzo) et Jo Briant (Centre d’information Inter Peuples)à 14h30
Francophonie : quelles réalités derrière le Sommet et ses declarations d’intention ? Avec Drissa TOURE, à 16h45
Les résistances ici et là bas Poème, théâtre, plat africain... (à 20h30)
– Arles, le 30 novembre Conférence de François-Xavier Verschave « Francophonie, Françafrique et résistances africaines » Salle Jean et Pons Dedieu, à 20h30
– Bourges, le 2 décembre Togo : une dictature « amie » » de la France, avec Comi Toulabor
– Angoulême, le 6 décembre Conférence de François-Xavier Verschave « Françafrique et résistances africaines »
En contrepoint du sommet de la francophonie à Ouagadougou qui a lieu fin novembre 2004, l’association Survie organise avec ses partenaires à Paris un contre-sommet sous la forme de conférences-débats, ponctué par un rassemblement unitaire.
Contre la politique menée en notre nom, de soutien aux dictatures africaines
Pour donner une tribune en France aux résistances ici et là-bas.
Au FIAP, 30 rue Cabanis, 75014 Paris, métro Saint-Jacques (participation libre).
– Samedi 20 novembre, 20h : conférence-débat
Le travail des journalistes résistants en Afrique et en France
Etat des lieux de la presse en Afrique et en France
– Dimanche 21 novembre, 14h-23h ateliers-débats
Le syndicalisme en Afrique : un mode d’organisation et de résistance Le cas du Burkina Faso (Afrique XX1, Confanzo)
Privatisation des biens publics et luttes syndicales au Sénégal (en lien avec Sud Ptt)
Résistances culturelles La création comme engagement citoyen
Résistances de femmes Les outils juridiques face au viol comme arme de guerre (Syndicat de la magistrature)
Le code de la famille en Algérie « 20 ans barakat »
Le combat des femmes rwandaises aujourd’hui
Collaboration entre le groupe femmes « Egalité » et l’association « Kebayina » du Burkina Faso
Afrique et fatalité : idées reçues, idées racistes
La persistance des imaginaires coloniaux (Survie, Editions des peuples noirs)
Persistances des visions coloniales en France
– A Ruscio : images du colonisé dans la chanson française
– O Biyidi : Afrique fatalité idées reçues, idées racistes
– François-Xavier Verschave (Survie) et Didier Ouedraogo (Cofanzo) : Francophonie vitrine de la Françafrique.
à FIAP, 30 rue Cabanis, métro Saint-Jacques (participation libre).